Un proxénète sans-abri a été condamné à près de trois ans de prison, lundi, pour avoir mené à la prostitution une toxicomane qui tentait de se sortir de l’enfer de la drogue.

Carl Henri Presume devait avoir cette semaine un procès pour traite de personnes. Il a toutefois plaidé coupable lundi à des chefs de proxénétisme, d’entrave à la justice, de voies de fait et de présence illégale dans une maison d’habitation.

Cette affaire ne correspond pas aux cas « typiques » de proxénétisme qui se retrouvent devant les tribunaux, puisque l’accusé et la victime étaient des toxicomanes sans domicile. « La base de la relation était la consommation », a résumé l’avocat de la défense, MDavid Petranic.

C’est donc dans un contexte de consommation que Carl Henri Presume rencontre la victime en décembre 2021. Quand elle quitte le centre où elle était hébergée, la femme commence à offrir des services sexuels contre rétribution à des « clients » choisis par Carl Henri Presume. Les gains servaient à l’accusé pour acheter des « roches de crack » qu’il partageait avec la victime.

Dans l’entourage

Autre particularité du dossier : les « clients » étaient des gens de l’entourage de l’accusé. Généralement, les « clients » en matière de prostitution passent par des annonces en ligne ou par des « agences » pour obtenir des services sexuels.

À la fin du mois de décembre 2021, l’accusé de 42 ans et un autre homme se bousculent dans un logement où se trouvait la victime. En quittant les lieux, la victime se blesse à une jambe dans les marches. Pendant un mois, elle n’obtient aucun soin pour sa blessure. À la fin du mois de janvier, les policiers interviennent dans un motel. C’est à ce moment que la victime dénonce son proxénète.

Le procureur de la Couronne convient que la peine suggérée de 35 mois de détention est « clémente » compte tenu des nombreux antécédents judiciaires de l’accusé. Toutefois, il y aurait eu des « difficultés » à faire témoigner la victime, a expliqué MBruno Ménard. À l’enquête préliminaire, la femme a dû être forcée à témoigner après avoir été visée par un mandat d’arrêt. Elle a alors donné une version différente.

« J’ai bien compris que la Couronne aurait des difficultés à faire la preuve. Un plaidoyer évite aussi à la victime le traumatisme d’être arrêtée contre son gré pour témoigner », a conclu la juge Roxane Laporte en entérinant la suggestion.

Comme Carl Henri Presume est détenu de façon préventive depuis son arrestation, il ne lui reste que quatre mois de prison à purger. Il sera ensuite soumis à une probation de trois ans.