Le Hells Angels de la section de Trois-Rivières Serge Lebrasseur a été condamné à 40 mois de pénitencier jeudi pour avoir dirigé un réseau de trafiquants de cocaïne et de méthamphétamine qui opérait à Sorel-Tracy, fief du motard.

Lebrasseur, 59 ans, a plaidé coupable jeudi matin, au palais de justice de Sorel-Tracy, à trois chefs de complot, trafic de cocaïne et trafic de méthamphétamine. Les infractions ont été commises entre janvier et juin 2021.

Lebrasseur et ses coaccusés sont détenus depuis février dernier, après avoir été arrêtés à l’issue d’une enquête baptisée Quincajou et menée par les enquêteurs de l’Escouade régionale mixte (ERM) de la Montérégie, dirigée par la Sûreté du Québec.

« Il contrôle le trafic de stupéfiants et le territoire de Sorel-Tracy. Il fixe les prix et reçoit une cote sur les ventes », a décrit la procureure de la Poursuite, MCorinne Girard, devant le juge Stéphane Godry de la Cour du Québec.

Piégés par des clients-policiers

La preuve repose sur plusieurs techniques utilisées par les enquêteurs durant l’enquête Quincajou, allant de la filature à la pose de caméras et micros, en passant par l’installation de balises GPS et l’utilisation d’agents d’infiltration.

Ceux-ci ont effectué plusieurs achats de stupéfiants durant l’enquête. Ils ont également obtenu des coaccusés, qui ignoraient qu’ils avaient affaire à des policiers, des confidences incriminantes pour leur patron. « C’est le Vieux qui décide [du prix] », a dit un suspect à l’une des taupes de la police.

« Les agents d’infiltration ont demandé à l’un des suspects si c’est Lebrasseur qui gérait le réseau et il a confirmé le tout », a raconté MGirard.

Lors d’une rencontre avec un suspect, des agents d’infiltration lui ont remis 2500 $ en échange de 1000 comprimés de méthamphétamine.

Une autre fois, un coaccusé a dit à un agent d’infiltration qu’il avait fait 2000 $ en une semaine.

Suggestion commune

Le juge Godry a entériné une suggestion commune de la Poursuite et de la Défense.

En soustrayant la période passée en détention préventive, qui est calculée en temps et demi, il reste environ 28 mois au motard à purger.

Le fait que Lebrasseur plaide coupable à la première occasion, évitant ainsi la tenue d’un procès de deux mois, a été considéré comme un facteur atténuant.

Ses nombreux antécédents criminels, la nature et les quantités des drogues saisies et le fait qu’il était une tête dirigeante ont été considérés comme des facteurs aggravants.

Des soins particuliers

Lebrasseur, qui a un handicap à une jambe et qui a fait quelques séjours en prison ces dernières années, doit, en vertu d’un jugement de la Cour supérieure, bénéficier d’un fauteuil roulant, de béquilles, d’un déambulateur, d’une chaise avec accoudoirs et de bandes antidérapantes dans sa douche, derrière les barreaux.

Mais depuis son arrestation en février, il a été détenu à la prison de Sorel, puis au Centre de détention de Rivière-des-Prairies, a été retourné à Sorel avant d’être envoyé au Centre de détention de Montréal (Bordeaux).

Chaque fois, tout est à recommencer et il faut adapter les lieux et les appareils à l’état du motard. Son avocate, MAnnie Lahaise, a donc demandé au juge d’émettre une recommandation pour qu’il évite un transfert au Centre régional de réception, où sont évalués les détenus qui arrivent dans le système fédéral, et qu’il aille directement au pénitencier de Drummondville.

« Hum, ça va un peu loin pour moi. C’est une question de gestion et de cote de sécurité. Au mieux, je pourrai dire, s’il a une cote médium, d’aller à Drummondville, mais je ne peux pas m’immiscer dans la gestion des services correctionnels », a réfléchi le juge à haute voix, avant de se tourner vers le condamné.

« M. Lebrasseur, vous pouvez [tenir] pour acquis que je vais faire la recommandation, mais ça reste une recommandation », l’a-t-il prévenu.

Autre fait à noter, Lebrasseur a renoncé à contester une requête de la poursuite visant à confisquer et à détruire des vêtements et des bijoux à l’effigie des Hells Angels trouvés chez lui.

En revanche, un manteau noir lui sera restitué, non sans que des écussons soient d’abord découpés sous les yeux des policiers, avant de lui être remis.

Presque tous les autres accusés de l’enquête Quincajou, dont un membre des Mean Tribe, club-école des Hells Angels, Kevin Tessier, ont également plaidé coupable, jeudi.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.

Qui est Serge Lebrasseur ?

  • Ancien membre des Rowdy Crew, il a grossi les rangs des Hells Angels en 1998.
  • Arrêté dans l’opération SharQc en 2009, il a plaidé coupable à une accusation réduite de complot pour meurtre et a été libéré en 2015.
  • En mai 2021, il a été condamné à cinq mois de prison pour avoir intimidé un agent de sécurité près du traversier de Sorel-Tracy–Saint-Ignace-de-Loyola.