Une plainte a été déposée contre Adil Charkaoui, a confirmé jeudi une organisation juive, au moment où le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) dit continuer à analyser la teneur haineuse des propos tenus par le prédicateur lors d’une manifestation fin octobre.

En point de presse, jeudi, le numéro 2 du service de police montréalais, Vincent Richer, avait en effet confirmé que l’imam n’avait pas été arrêté par les forces de l’ordre.

« On est en analyse du dossier. On est en train de parler avec nos partenaires là-dedans. C’est quand même un dossier complexe », a dit Vincent Richer. « À ce moment-ci, je ne peux pas faire de commentaire à savoir s’il va y avoir une arrestation que ce soit à court ou moyen terme. »

« C’est sûr que ça préoccupe le SPVM et on le prend avec le plus grand sérieux, a-t-il ajouté. On travaille là-dessus présentement. »

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Le directeur adjoint du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Vincent Richer

Le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA), lui, a toutefois assuré jeudi par courriel être « au courant » d’une plainte et d’un rapport de police étant en cours, en réservant ses commentaires pour la suite. « Plus généralement, le vitriol antisémite et l’incitation à la violence contre les Juifs sont inacceptables », s’est limitée à dire la directrice des communications, Nicole Amiel, en transmettant toute question supplémentaire à la police de Montréal.

Appelé à commenter, le SPVM n’a de son côté pas voulu confirmer l’existence d’une plainte pour des motifs de confidentialité, comme le veut le protocole habituel.

Une vidéo rapidement dénoncée

Rappelons que le controversé imam Adil Charkaoui avait été capturé en vidéo haranguant la foule lors de la manifestation propalestinienne du 28 octobre dernier.

« Allah, charge-toi de ces agresseurs sionistes. Allah, charge-toi des ennemis du peuple de Gaza. Allah, recense-les tous, puis extermine-les. Et n’épargne aucun d’entre eux ! », a-t-il lancé en arabe. La foule lui a répondu « amen » à plusieurs reprises.

Mardi, le premier ministre François Legault a affirmé que l’imam avait fait « de l’incitation à la haine, à la violence ». « Et moi, je compte sur les policiers pour faire leur travail, a-t-il ajouté. Ce n’est pas moi à leur dire comment faire leur travail, mais inciter à la violence, ce n’est pas permis. »

Le premier ministre canadien Justin Trudeau a aussi condamné les propos. « Ces paroles sont inacceptables. Ces paroles sont antisémites. Ces paroles sont une insulte à la vie et aux espoirs de millions de personnes à travers le monde, incluant des personnes qui ont péri durant l’Holocauste à cause de leur religion juive. Nous allons toujours se tenir debout contre l’antisémitisme. Nous allons toujours être là pour promouvoir la paix et la compassion entre peuples à travers le monde », a dit M. Trudeau.

Adil Charkaoui s’était ensuite défendu, mercredi en matinée, d’avoir fait un appel à la haine et à la violence envers les Juifs. Il s’agissait en fait d’un appel à Dieu et jamais il n’a prononcé le mot « Juif », a-t-il expliqué dans une vidéo diffusée en direct sur un réseau social.