Un cyberprédateur qui a fait vivre un enfer à des filles de 10 et 15 ans sur les réseaux sociaux espérait s’en tirer avec de la prison à domicile en raison de sa légère déficience intellectuelle. Mamoon Rahman Mandal a plutôt été condamné à deux ans de pénitencier jeudi au palais de justice de Montréal.

Après avoir vécu trois échecs conjugaux, le Montréalais de 26 ans s’est tourné vers des proies faciles : des adolescentes. Malgré son âge mental évalué à 12 ans, le prédateur savait très bien qu’il transgressait la loi. Il s’est même montré sans pitié pour ses victimes.

Sa première proie avait à peine 10 ans. Il l’avait rencontrée sur l’application Snapchat à l’été 2019. De fil en aiguille, la fillette lui envoie des photos d’elle nue. Mais ce n’est pas assez pour le prédateur. Il la menace de l’exposer publiquement si elle ne lui en donne pas davantage. D’autres pédophiles se mettent alors à la contacter.

Mamoon Rahman Mandal persiste : il menace de se rendre chez elle si elle refuse toujours de lui envoyer d’autres photos. Il lui prouve même connaître son adresse. Un soir, il lui envoie un message inquiétant disant qu’il est à la porte. Le cyberprédateur multiplie les demandes quand l’enfant le bloque de ses comptes.

Sa seconde victime, une adolescente de 15 ans, souffre d’un choc post-traumatique depuis les évènements. Les conséquences sur sa vie ont été particulièrement importantes : changement d’école, dépendance à la drogue, automutilation, etc.

Sur Snapchat, Mamoon Rahman Mandal se fait passer pour un adolescent pour la convaincre de le laisser se rendre chez elle. Sur place, il lui dit avoir en fait 20 ans. Quand il entre dans la chambre de la victime, il l’enlace et tente de l’embrasser. Apeurée, elle recule jusqu’à se retrouver coincée contre le mur.

Agent d’infiltration

Le cyberprédateur a fini par se faire prendre par un agent d’infiltration du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) qui prétendait avoir 13 et 15 ans sur Snapchat. Selon les policiers, le cyberprédateur utilisait les pseudonymes suivants pour piéger ses victimes : MTLGANG, Endway1234 et Noriado1.

L’avocat de la défense, MPierre Joyal, réclamait une peine de deux ans moins un jour de prison à domicile, alors que le procureur de la Couronne, MJérôme Laflamme, demandait 30 mois d’emprisonnement. La juge Josée Bélanger a déterminé que la dissuasion et la dénonciation devaient primer dans cette affaire et a imposé 24 mois de détention ferme, assortie d’une probation de trois ans.

Mamoon Rahman Mandal présente en effet un risque élevé de récidive. Sa déficience intellectuelle légère diminue toutefois partiellement sa responsabilité, selon la juge. Cet état a contribué à ce qu’il ne réalise pas entièrement la gravité de ses gestes et les préjudices aux victimes.

Le cyberprédateur devra s’inscrire pendant 20 ans au Registre des délinquants sexuels. Il risquait toutefois d’être soumis à perpétuité à cette obligation. Or, la juge Bélanger a estimé que le délinquant ne présentait pas un « risque accru » de récidive, notamment en raison de son état.