« Mon fils a peur. Il est traumatisé » : Jean-Élie L’Espérance, un homme de 29 ans arrêté à Laval l’été dernier, dissimulait une arme à feu dans son sac. Le jeune membre de gang avait failli mourir deux ans auparavant après avoir reçu sept balles lors d’une fête de famille à Rivière-des-Prairies, selon sa mère.

« Il a été victime devant moi. Il s’est fait tirer dessus il y a deux ans. Sept projectiles », soupire la femme.

C’est la scène traumatisante survenue en 2021 décrite par la résidante de Rivière-des-Prairies devant le juge Marc-André Dagenais. La mère de Jean-Élie L’Espérance, un homme soupçonné d’avoir tiré dans les airs aux abords d’un bar de danseuses à Laval, a témoigné à l’enquête sur la mise en liberté de son fils en septembre dernier.

La petite famille était réunie il y a deux ans dans la cour arrière d’un appartement de Rivière-des-Prairies.

« On coupait un gâteau. Il y avait mes petits-enfants, il y avait tout le monde », a raconté la mère. Une personne cagoulée a alors fait irruption dans la cour. « La personne… elle tirait partout. »

La mère hurlait. Son fils lui a dit : « Pousse-toi, maman », avant d’être atteint par sept projectiles. Personne d’autre n’a été touché. Il a survécu à l’attaque. Malgré l’intervention du SPVM, personne n’a été arrêté à ce jour.

La personne qui a fait ça…. J’avais mal. Mon fils a peur. Il est traumatisé.

La mère de Jean-Élie L’Espérance, lors de son témoignage

Habiter en territoire ennemi

Détail surprenant : L’Espérance demeurait sur le territoire ennemi lorsqu’il a été ciblé par l’inconnu cagoulé il y a deux ans. Il est relié aux gangs de Montréal-Nord, mais résidait alors dans un coin chaud de Rivière-des-Prairies. Les gangs de ces deux secteurs de la métropole sont enlisés dans un violent conflit.

Il habitait donc en zone hostile. Un secteur « dangereux », a même souligné la mère de M. L’Espérance dans son témoignage. « On habite à Rivière-des-Prairies. On peut avoir des problèmes avec qui que ce soit », a-t-elle expliqué en septembre dernier.

Là où j’habite, c’est pas facile, OK ? C’est pas une question d’être un vieux, un jeune ou un enfant. C’est juste dangereux.

La mère de Jean-Élie L’Espérance, lors de son témoignage

Elle a nié plusieurs fois le lien évoqué par le tribunal entre les gangs de rue de Montréal-Nord et son fils lors de l’enquête sur sa mise en liberté. « Mon fils n’est pas dans un gang. Mais dans la vie, des fois on t’associe [à ceux] avec qui tu te tiens. Il est inquiet quand il sort. Il est toujours stressé. »

Des tirs dans les airs

Jean-Élie L’Espérance est soupçonné d’avoir tiré plusieurs projectiles dans les airs près du bar de danseuses Les Déesses le 26 mai dernier à Laval. Les coups de feu seraient survenus après un conflit entre deux hommes, selon le rapport déposé en cour. Le présumé tireur aurait « explosé de colère » et hurlé « CANDY ! » à pleins poumons en déchargeant son pistolet à la sortie de l’établissement. Il semblait, selon le résumé des faits, s’adresser à une personne travaillant au bar.

La police aurait identifié Jean-Élie L’Espérance sur les images de caméras vidéo. Le suspect est donc étroitement surveillé par le Service de police de Laval après cet évènement. Lors de la filature des policiers, le présumé tireur présentait des signes d’une personne armée.

« Sa sacoche pour hommes est lourde et elle ballotte de gauche à droite lorsqu’il marche », a résumé le procureur MOliver Bérard-Ricardelli lors de l’enquête sur la mise en liberté. Les policiers ont retrouvé une arme à autorisation restreinte et un chargeur à haute capacité lors de son arrestation par le GTI en septembre dernier.

Glock imprimé en 3D

Le pistolet Glock en question aurait été fabriqué à l’aide d’une imprimante 3D, selon le rapport ENSALA déposé en preuve lors de l’enquête sur la mise en liberté de Jean-Élie L’Espérance. Le chargeur saisi a une capacité de 15 tirs, soit au-dessus de la limite de 10 imposée par les lois canadiennes. L’arme était chargée. Le mécanisme d’entrave servant à limiter la capacité de tirs avait été retiré. L’homme de 29 ans considéré par la police comme un membre de gang de Montréal-Nord (Zone 43) fait actuellement face à plusieurs chefs d’accusation liés aux armes à feu.

C’est MPeter George-Louis qui défend l’accusé, actuellement détenu.