(Joliette) Un ex-pharmacien toxicomane qui a commis des gestes sexuels odieux envers son fils de 5 ans avec un complice a été condamné vendredi à cinq ans de pénitencier, une peine qui tient compte de ses démarches thérapeutiques. Si son avocate assure qu’il n’est pas un pédophile, son complice affirme au contraire qu’il fantasmait sur les jeunes enfants.

« [L’ex-pharmacien] lui répète souvent : the younger, the better [plus c’est jeune, mieux c’est] », a rappelé le juge Serge Cimon en condamnant Francis Leclair-Gaudreau à trois ans de pénitencier, à la fin du mois d’octobre.

Vendredi, c’était au tour du père incestueux, un ex-pharmacien de 55 ans, de recevoir sa peine au palais de justice de Joliette. Il avait plaidé coupable à un chef de contact sexuel en mai. On ne peut le nommer pour protéger l’identité de son fils. Notons qu’au moment des faits, l’homme exerçait comme pharmacien dans Lanaudière. Il n’est plus membre de l’Ordre des pharmaciens du Québec depuis avril 2021.

À l’époque, le pharmacien déchu consommait systématiquement de la cocaïne pendant ses rapports sexuels avec d’autres hommes. Il était alors séparé depuis plusieurs années de la mère de ses deux enfants, mais partageait la garde de ceux-ci.

Le père incestueux rencontre Francis Leclair-Gaudreau, un étudiant de 23 ans, au printemps 2018. Les deux hommes pratiquent le fétichisme et « l’humiliation » dans leurs rapports sexuels. Ils font aussi des mises en scène impliquant des couches de bébé.

À deux occasions entre 2018 et 2019, l’ex-pharmacien et son complice profitent du sommeil du garçon de 5 ans pour commettre d’odieux gestes sexuels à son endroit. Selon le juge Cimon, c’est le père qui a été « l’instigateur principal des abus », bien que cela ne soit pas explicitement admis par l’homme.

Les conséquences de ces gestes sont terribles pour l’enfant et sa famille, confie la mère dans une lettre lue à la cour.

« Il prend plus conscience de ce qui lui est arrivé et ne sait pas comment gérer. Son frère a développé beaucoup d’anxiété, il fait des crises d’anxiété plutôt ingérables. Il est souvent triste. La réalité de ce que son père a fait l’a énormément ébranlé et il se renferme. »

« Période d’hypersexualisation », selon la défense

Pour justifier cette suggestion commune de cinq ans, la procureure de la Couronne, MLydia Henry-Pelletier, a relevé les regrets de l’accusé, ainsi que ses « nombreux » suivis pour sa consommation. La procureure a aussi souligné une dizaine de facteurs aggravants, dont le très jeune âge de sa victime, son propre fils.

« On s’entend que la peine aurait pu être plus élevée si Monsieur n’avait pas fait toutes ces thérapies. Cependant, il s’agit d’une peine importante », a fait valoir MHenry-Pelletier.

En défense, MCatherine Perreault a insisté sur le fait que son client avait un risque de récidive « sous la moyenne » et ne souffrait d’aucune paraphilie, selon les rapports. « On ne parle pas d’attirance déviante envers les enfants. On parle d’une période d’hypersexualisation », a-t-elle plaidé.

En fin d’audience, l’ex-pharmacien s’est excusé auprès de ses enfants. « Je vais essayer de me reprendre en main », a-t-il dit.

« Je vous souhaite que la victime n’ait pas de séquelles, mais on sait tous ici que ça va laisser des séquelles. Ça m’étonne toujours, encore aujourd’hui, qu’une personne qui a cette pensée de faire des attouchements ne s’arrête pas pour dire : j’ai un problème et je vais arrêter. Non, vous avez continué. Je ne comprends toujours pas », a conclu le juge Claude Lachapelle, avant d’entériner la suggestion commune.

« Moi non plus », a soufflé l’accusé.