L’ex-leader antimasque Mario Roy évite la prison ferme en raison de ses « difficultés psychologiques » et de ses semblants de regrets. Il a été condamné mercredi à 10 mois de prison à domicile pour avoir bloqué à deux reprises le pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine avec ses complices Farfadaas pendant la pandémie.

« Quoique ses regrets manquent quelque peu de conviction, l’accusé ne représente pas un risque ou un danger pour la collectivité », a déterminé le juge Jean-Jacques Gagné. Le magistrat a ainsi écarté la suggestion de six mois de prison ferme réclamée par le ministère public. Les chefs étaient déposés par procédure sommaire, donc de gravité moindre.

Mario Roy était à l’époque un membre influent des Farfadaas, un groupe anti-mesures sanitaires. Selon le juge, il était le « leader incontesté » des deux méfaits commis dans le pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine en 2020. Dans le but de dénoncer une prétendue « brutalité policière », les Farfadaas ont bloqué la circulation dans le tunnel. Une manœuvre qui a « intimidé » les automobilistes et les a empêchés de jouir de cette route.

Même si Mario Roy a des antécédents judiciaires, il n’est pas nécessaire de l’incarcérer pour un tel crime, estime le juge Gagné, en rappelant que l’emprisonnement avec sursis (à domicile) représente une vraie peine de prison. De la détention ferme viendrait « précariser davantage » la situation de Mario Roy, selon le juge.

Le magistrat a vaguement évoqué les « difficultés psychologiques » de Mario Roy pour justifier cette peine, sans préciser sa pensée. Le juge n’a d’ailleurs pas fait mention du psychiatre Pierre « Doc » Mailloux, qui avait témoigné en défense. L’expert controversé avait expliqué que Mario Roy avait vécu un « désespoir profond » pendant son incarcération.

« Cette incarcération l’a brisé psychologiquement, l’a cassé, l’a démoli. Aucun traitement autre que d’éviter toute incarcération pour des raisons médicales et favoriser son havre de paix », avait conclu le « Doc » Mailloux.

Le psychiatre avait aussi insisté sur une fouille à nu subie en « présence de trois femmes ». « Ça l’a chamboulé de façon extrêmement profonde », avait affirmé le psychiatre.

Pendant sa détention de 10 mois, Mario Roy devra rester chez lui en tout temps pendant les cinq premiers mois, sauf pour travailler et pour quelques exceptions. Il sera ensuite soumis à un couvre-feu pendant cinq mois. Il lui sera interdit de communiquer avec ses coaccusés, d’anciens Farfadaas. Le juge n’a fait aucune mention d’une interdiction d’aller sur les réseaux sociaux. Il devra verser 3000 $ à des organismes de charité.

Le juge Gagné a mis en garde Mario Roy de ne pas « étirer l’élastique » au sujet de ses conditions de détention.

« J’ai fait preuve de beaucoup de patience avec vous pendant le processus judiciaire. […] Je n’ai pas de boule de cristal, mais si vous jouez à l’élastique et que vous vous retrouvez avec des manquements, les chances que je fasse preuve d’autant de patience que dans le passé sont minces. La balle est dans votre camp », a conclu le juge.

Mario Roy n’a pas voulu réagir après la sentence. Avant l’audience, le ton avait monté avec les médias en mêlée de presse.