Le nombre de mineurs accusés de meurtre n’a jamais été aussi élevé qu’en 2022, alors que le Canada enregistrait une hausse de la violence cette année-là, selon Statistique Canada.

Sommet en 50 ans

Pas moins de 90 jeunes de moins de 18 ans ont fait face à des accusations d’homicide en 2022, un sommet en 50 ans. « Le nombre d’accusés ou de suspects pouvant être inculpés de moins de 18 ans a augmenté en 2022, note Statistique Canada dans un rapport dévoilé mercredi. Parmi les homicides classés, les services de police ont déclaré que 90 jeunes avaient été les auteurs présumés d’un homicide en 2022, comparativement à 33 en 2021 et à une moyenne de 39 au cours des 10 années précédentes. » Le taux de jeunes auteurs présumés d’homicide en 2022 (1,23 pour 100 000 jeunes) était 2,2 fois supérieur à la moyenne des 10 années précédentes (0,56 pour 100 000 jeunes), signale l’organisation fédérale.

Multiples auteurs

Comment expliquer cette hausse ? Elle serait en partie due à l’augmentation du nombre d’homicides impliquant un groupe d’auteurs présumés de moins de 18 ans. « En 2022, la police a déclaré 19 affaires d’homicide dans lesquelles deux ou plusieurs jeunes avaient été identifiés comme auteurs présumés, comparativement à une moyenne de 5 affaires au cours des 10 années précédentes. Au total, 7 affaires d’homicide impliquant au moins trois jeunes auteurs présumés ont été enregistrées en 2022, comparativement à une moyenne de 1 affaire au cours des 10 années précédentes », note Statistique Canada.

Meurtres en hausse au Canada

Le nombre global de meurtres a augmenté de 8 % en 2022 au Canada. Même si le Québec aussi a enregistré une hausse, il reste l’une des provinces où le taux est le plus bas, avec 1,26 meurtre par tranche de 100 000 habitants. « Parmi les provinces, le Manitoba (+ 40 %) a affiché la hausse la plus importante du taux d’homicides, lequel est passé de 4,45 homicides pour 100 000 habitants en 2021 à 6,24 en 2022 », note l’organisme fédéral. Aux États-Unis, le taux d’homicides était à 6,3 par tranche de 100 000 habitants en 2022. C’est en Louisiane que le taux est le plus élevé : il se situait en 2022 à 16,1 pour 100 000 habitants.

Montréal et Québec se démarquent (pour le mieux)

Parmi les grandes villes canadiennes, Montréal et Québec sont plus sécuritaires que la moyenne. C’est Winnipeg qui est au sommet de la liste pour ce qui est du taux d’homicides, suivi de Vancouver, Edmonton et Toronto. À Montréal, on enregistre 1,49 homicide pour 100 000 habitants, contre 0,6 à Québec. Dans ces douze villes, le taux d’homicides moyen et de 1,87.

Les Autochtones plus souvent victimes

En 2022, ce sont 225 victimes de meurtre au Canada qui étaient des Autochtones. Cela a représenté un peu plus d’une victime sur quatre, soit 27 % des victimes. Statistique Canada signale que le taux d’homicides commis contre des victimes autochtones s’établit à 10,98 victimes pour 100 000 Autochtones, soit un taux plus de six fois supérieur au taux d’homicides commis contre des non-Autochtones (1,69 pour 100 000). « Parmi les répercussions du passé colonial, on compte la marginalisation socioéconomique généralisée, la discrimination systémique, le racisme manifeste et systémique, les traumatismes intergénérationnels, les déplacements des autochtones de leurs terres […], note l’organisme fédéral. Ces expériences cumulées jouent un rôle important dans le fait que les membres des Premières Nations, les Inuit et les Métis sont surreprésentés dans le système de justice pénale canadien à titre de victimes et d’auteurs présumés. »