Radicalisé en Ontario, Ali Ngarukiye avait tout planifié pour atteindre son but : tuer des policiers. En janvier 2021, il est passé à deux doigts d’abattre le patrouilleur Sanjay Vig. Une balle l’a même frôlé. Après cinq jours de délibérations, le jury a reconnu Ali Ngarukiye coupable sur toute la ligne mercredi.

L’homme de 24 ans n’a eu aucune réaction à l’écoute du verdict, point d’orgue d’un procès de plus de trois mois au palais de justice de Montréal. Ali Ngarukiye est d’ailleurs loin d’en avoir fini avec la justice, puisqu’il doit être jugé le printemps prochain pour le meurtre sauvage d’un codétenu.

Le jury l’ignorait, mais ce procès était assimilable à du « terrorisme », selon la Couronne. Ali Ngarukiye voulait en effet faire le djihad, selon un imam torontois. Quelques mois avant d’attaquer Sanjay Vig, il disait déjà vouloir tuer des policiers et se battre dans une « guerre islamique ». Il s’était radicalisé en rencontrant des personnes avec des antécédents de terrorisme dans une école islamique, selon l’imam.

Le juge François Dadour a toutefois refusé d’admettre cette preuve « incendiaire » en plein milieu du procès.

Enjeu de taille

Installé à Montréal en janvier 2021, Ali Ngarukiye vole d’abord deux véhicules. Une partie cruciale de son plan. Trois jours plus tard, il utilise l’une des voitures et se stationne près d’une intersection où patrouille seul le policier montréalais Sanjay Vig, sur le boulevard Crémazie.

L’assaillant profite du fait que le policier donne une contravention à l’automobiliste Mamadi Camara – arrêté à tort, puis innocenté – pour asséner de violents coups de barre de métal derrière la tête de Sanjay Vig. Il a ensuite volé l’arme de service du policier et lui a tiré dessus à deux reprises. Une balle est carrément passée à travers son manteau, sans le toucher.

Ali Ngarukiye a ensuite pris la fuite avec le deuxième véhicule volé, puis s’est caché pendant deux jours dans la mosquée d’un imam à Toronto. Il a fini par être arrêté deux mois plus tard.

La Couronne avait un enjeu de taille dans ce procès : prouver qu’Ali Ngarukiye était l’auteur de la tentative de meurtre. Or, aucun témoin de l’affaire n’était capable de l’identifier clairement. Une caméra de surveillance montrait au mieux de lointaines silhouettes en train de se battre.

Des dizaines de témoins et une preuve extrêmement complète ont toutefois permis de convaincre les jurés hors de tout doute raisonnable de la culpabilité d’Ali Ngarukiye. Les arguments de la défense ont vraisemblablement été rejetés par les jurés. MSharon Sandiford soutenait que Ngarukiye n’avait jamais attaqué le policier et que Sanjay Vig avait fait du profilage racial. Cependant, cette thèse ne permettait pas de répondre à la question : qui était l’auteur si ce n’était pas Ngarukiye ?

L’homme de 24 ans risque maintenant la prison à vie pour ses crimes. Les observations sur la peine auront lieu prochainement.