Québec veut confisquer 225 000 $ provenant de la vente de la résidence d’un ancien complice du tueur à gages Frédérick Silva, parce que la maison était pleine d’armes prohibées et de silencieux artisanaux fabriqués sur place, dont certains auraient servi à commettre un assassinat.
Il y a un an, Giovanni Presta fils a été condamné à l’emprisonnement à perpétuité, sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans, pour le meurtre de l’ancien motard Sébastien Beauchamp, tué à Montréal en décembre 2018.
Presta a joué le rôle de chauffeur pour l’auteur du meurtre, Frédérick Silva, cet ancien tueur à gages actuellement au cœur d’une importante enquête qui pourrait permettre à la police d’élucider une soixantaine de meurtres et de tentatives de meurtre commis au sein du crime organisé montréalais depuis 2010.
Pas moins de trois armes à feu, dont l’une s’est enrayée, ont été utilisées pour abattre Beauchamp.
Lorsque les enquêteurs des Crimes majeurs du Service de police de la Ville de Montréal ont perquisitionné dans le bungalow de Presta à Terrebonne en février 2019, ils y ont trouvé des armes à feu, des silencieux et des munitions disséminés partout dans la résidence, dont certains cachés dans une ouverture pratiquée dans un mur de gypse derrière une étagère.
Durant le procès, la poursuite a démontré que l’accusé fabriquait des silencieux et des armes dans sa résidence.
Sur la vitre du véhicule de Beauchamp, à bord duquel il se trouvait lorsqu’il a reçu les premiers coups de feu, les enquêteurs ont trouvé des traces d’une matière graisseuse semblable à celle découverte sur des silencieux trouvés chez Presta et fabriqués par ce dernier.
Sur la scène de crime, ils ont aussi saisi des silencieux semblables à ceux trouvés dans la résidence de l’accusé.
Vendue d’un commun accord
En 2019, les autorités ont demandé et obtenu une ordonnance de blocage visant la maison, arguant qu’elle constituait un « bien infractionnel », c’est-à-dire qu’elle avait été utilisée pour commettre des infractions.
Mais puisqu’une résidence est un bien qui peut se déprécier, Presta, sa conjointe et une tierce personne qui avait une créance sur la maison ont vendu celle-ci, avec l’accord du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), pour une somme de 224 966,99 $, en septembre 2021.
Le DPCP veut maintenant confisquer cet argent au profit du Procureur général du Québec.
Il a déposé une demande en ce sens en Cour supérieure, et celle-ci sera bientôt débattue devant le juge Marc-André Blanchard, celui-là même qui avait écouté toute la preuve présentée contre Presta et l’avait reconnu coupable de meurtre.
Presta a également été déclaré coupable de la possession des armes et des autres objets trouvés chez lui, et condamné à sept années supplémentaires en mars dernier.
Frédérick Silva a aussi été reconnu coupable du meurtre de Sébastien Beauchamp et condamné à l’emprisonnement à perpétuité.
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