Le proxénète et pédophile Koceila Louali a été condamné mercredi à 12 ans de détention pour des crimes commis à l’égard d’une fillette et de travailleuses du sexe. Malgré la gravité de ses gestes, « Maître K » évite l’étiquette de délinquant à contrôler, puisqu’un psychiatre conclut à un faible risque de récidive.

« Comportements sexuels inadéquats-inadaptés envers une fillette de 7 ans. »

C’est par cet euphémisme déjà dénoncé par la Cour suprême que le psychiatre Louis Morissette décrit l’agression commise par Koceila Louali à l’égard d’une fillette qu’il cherchait à transformer en esclave sexuelle. Il avait touché les parties intimes de l’enfant et avait demandé à la mère d’assister à l’agression.

Dans cette affaire d’une rare horreur, une mère avait livré sa fille de 7 ans à Koceila Louali dans le cadre de leurs jeux sexuels. Les deux déviants avaient entamé un plan « clair et extrêmement dégradant pour abuser de cette enfant », avait expliqué la procureure dans le dossier de la mère (condamnée à six ans de prison).

Koceila Louali discutait aussi avec la mère de scénarios sexuels particulièrement dégradants impliquant la fillette.

Néanmoins, selon le DMorissette, Koceila Louali ne présente aucune « évidence de pédophilie ni de paraphilie ». De plus, comme Louali n’avait jamais été arrêté dans le passé et participe à sa réhabilitation, son risque de récidive est particulièrement bas, conclut le psychiatre dans son rapport d’à peine six pages pour évaluer le statut de délinquant dangereux ou de délinquant à contrôler de l’accusé.

Le psychiatre Louis Morissette, qui est régulièrement embauché en défense, mais dont l'expertise a été faite à la demande du tribunal dans le dossier de Koceila Louali, s’est fait blâmer par son ordre professionnel l’an dernier pour avoir réalisé une « expertise » bidon. Il a fait appel de cette décision.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le psychiatre expert Louis Morissette, en 2017

« Elles ont été marquées pour la vie »

Les crimes de Koceila Louali ne s’arrêtent pas là. Cet homme « légalement aveugle » dirigeait deux organisations bien rodées offrant des services sexuels. Sa première était spécialisée dans les « gang-bangs » et les « orgies ». Parfois, jusqu’à 150 hommes participaient à ces orgies grecques, contre moins d’une dizaine de femmes, un ratio très bas pour ce type d’évènement. Ces travailleuses du sexe ignoraient souvent le sort qui leur serait réservé.

L’autre agence de Louali se spécialisait dans les « fantasmes sur mesure », dont les pratiques sexuelles extrêmes. Les conditions d’hygiène des travailleuses du sexe qui participaient à ces évènements étaient « minimales ». Les hommes adoptaient parfois des comportements « agressifs » et n’obtenaient pas toujours le consentement des victimes, selon les faits admis.

Koceila Louali reconnaît avoir eu des pratiques sexuelles « intrusives » avec deux femmes sans expérience dans le milieu. À l’enquête sur remise en liberté, l’un des cas a été décrit comme une « agression sexuelle violente », puisque Louali aurait soumis la femme à une pratique sexuelle extrêmement dégradante.

Début décembre, des victimes ont livré des témoignages bouleversants devant la cour. Le juge Jean-Jacques Gagné a tenu à saluer leur « courage et leur résilience » mercredi en entérinant la suggestion commune de 11 ans et 11 mois de détention.

« Il est sentencé parce qu’il a lamentablement échoué. Il a surestimé ses capacités et sous-estimé celles de ses victimes. Elles ont été marquées pour la vie. Mais elles semblent lentement reprendre confiance », a déclaré le juge.

En considérant la détention préventive, il reste environ huit ans à sa peine. Il sera aussi inscrit au Registre des délinquants sexuels pendant 20 ans.

MDelphine Mauger a représenté le ministère public, alors que MGiuseppe Battista et MLaurence Juillet ont défendu l’accusé.

Ce texte a été modifié pour préciser que l'expertise du Dr Louis Morissette a été faite à la demande du tribunal et que le Dr Morissette a porté en appel la décision de son ordre professionnel qui le blâmait dans une autre affaire.