Un concierge d’une école secondaire de Montréal croyait se faire livrer en pâture une fillette de 10 ans pour 100 $. Or, il est plutôt tombé dans le piège d’un « chasseur de pédophiles ». Le prédateur détenait de surcroît une quantité astronomique d’images extrêmement scabreuses de pornographie juvénile.

Ce qu’il faut savoir

  • Gabriel Corbeil-Thériault a plaidé coupable à des chefs de possession de pornographie juvénile, de leurre et d’incitation à des contacts sexuels.
  • Il était concierge à l’école secondaire Eulalie-Durocher au moment des faits.
  • Il voulait avoir des contacts sexuels avec une fillette de 10 ans sur son lieu de travail.
  • Il détenait des dizaines de milliers d’images pédopornographiques extrêmement scabreuses.

Gabriel Corbeil-Thériault a plaidé coupable jeudi au palais de justice de Montréal à des chefs de possession de pornographie juvénile, de leurre informatique et d’incitation d’un mineur à des contacts sexuels.

Le Montréalais de 28 ans travaillait comme concierge à l’école secondaire Eulalie-Durocher, située près du Stade olympique, au moment des faits. Sa mise en accusation en mars 2022 n’a, étonnamment, jamais été médiatisée par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Un porte-parole du centre de services scolaire de Montréal a indiqué à La Presse que Corbeil-Thériault ne travaillait plus pour le CSSDM, mais n’a pas donné plus de détails sur la période d’emploi de l’accusé.

Les policiers ont découvert pas moins de 100 000 fichiers dans l’ordinateur de Gabriel Corbeil-Thériault. Ces images montrant des nouveau-nés autant que des adolescentes sont d’une horreur rarement vue.

Des agressions sexuelles d’une monstruosité quasi inimaginable. Des scènes de bestialité. Des enfants dans des cage.

« [Du contenu] particulièrement choquant, scabreux et odieux », a résumé le procureur de la Couronne, MCharles Doucet, qui entend demander une peine de pénitencier, donc au minimum deux ans de détention.

Chasseur de pédophiles improvisé

Si Gabriel Corbeil-Thériault s’est fait coincer, c’est grâce à un citoyen qui s’est en quelque sorte improvisé « chasseur de pédophiles ». Sous le pseudonyme de « Fred Gagnon », le citoyen a livré le fruit de son enquête au Service de police de la Ville de Montréal sur la page Facebook du corps policiers.

« Fred Gagnon » rencontre Gabriel Corbeil-Thériault sur une plateforme connue pour le stockage d’images pédopornographiques. Le suspect lui dit aimer les petites filles de 10-12 ans. Ils se mettent alors à échanger sur Wickr, une application de messages cryptés.

Le chasseur s’invente une nièce de 10 ans, nommée Vanessa, pour appâter sa proie. Il demande 100 $ au pédophile pour « rencontrer » la fillette. Un rendez-vous est fixé vendredi à 17 h dans le stationnement de l’école Eulalie-Durocher.

C’est ce jour-là que « Fred Gagnon » communique avec le SPVM.

Quand l’enquêteuse reprend le dossier, elle avise « Fred Gagnon » de ne plus échanger avec le suspect. Le rendez-vous avec la fausse nièce est alors remis. Gabriel Corbeil-Thériault en est très déçu.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

L’école secondaire Eulalie-Durocher, à Montréal

« Tu ne la possèdes pas ?? J’avais tellement hâte de la voir sérieux. Je vais-tu avoir un petit cadeau pour l’attente que j’ai eue aujourd’hui. Si tu veux bien sûr ? », écrit le pédophile.

Gabriel Corbeil-Thériault propose alors à son interlocuteur – un agent double – de lui amener Vanessa à sa « job ». « J’ai tellement hâte oui. [...] As-tu beaucoup de filles à [la] maison qui seraient dispo ? », s’enquiert le prédateur.

Profil fictif

Les policiers créent le profil fictif de Vanessa pour échanger avec Gabriel Corbeil-Thériault. Le prédateur commence par la questionner sur ses rêves et ses émissions préférées, puis l’interroge sur son corps et ce qu’elle aime faire. Il évoque aussi avec elle sa participation à l’émission Autisme, amour et amitié.

Dans ses échanges avec « Vanessa », Gabriel Corbeil-Thériault va directement au but. Il invite la fillette sur son lieu de travail, comme il est « seul » à partir de 17 h. Il veut la « dégêner » et lui « apprendre le sexe ». « Je vais te l’enseigner. Je te le ferai vivre », écrit-il, en détaillant des gestes de nature sexuelle.

Gabriel Corbeil-Thériault s’assure que son âge n’est pas un problème pour la fillette. « [J’ai] 26 et tu en as 10. Je ne veux pas que ça te freine à me parler », écrit-il.

« Est-ce que cette conversation est assez discrète pour ne pas m’attirer d’ennui ? J’ai eu ça en février et j’ai perdu un profil que j’avais depuis 10 ans. Ça me fait chier », écrit l’accusé à la fausse fillette.

Il s’avère que Gabriel Corbeil-Thériault a été visé à trois occasions par des dénonciations en matière de pornographie juvénile entre 2017 et 2019, sans jamais être accusé. Un enquêteur l’a même joint à deux reprises en 2020 pour l’aviser que le partage de telles images était illégal. Le suspect a alors semblé jeter le blâme sur son autisme. On ignore s’il travaillait dans une école secondaire à cette époque.

Un rapport présentenciel avec volet neuropsychologique a été demandé par la défense. Le dossier sera de retour en cour en avril prochain.