Un infirmier obnubilé par une patiente en cure fermée lui a donné une dose « inutile » de sédatif afin de « réduire » ses résistances. Il l’a ensuite agressée sexuellement. Au procès, Amrane Kacher a tenté de dépeindre la victime comme une « tentatrice », mais le juge ne l’a pas cru et l’a déclaré coupable d’agression sexuelle, mercredi.

L’homme de 42 ans travaillait comme infirmier à l’hôpital Notre-Dame, à Montréal, au moment des faits, au printemps 2021. Il a rapidement été congédié, mais n’a fait l’objet depuis d’aucune mesure disciplinaire par son ordre professionnel. Il ne s’est simplement pas réinscrit au Tableau de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec en avril 2022, a indiqué l’Ordre à La Presse.

La victime, une femme dans la trentaine, est admise en avril 2021 à l’hôpital Notre-Dame pour traiter son alcoolisme. Elle est sous supervision médicale dans le cadre d’une cure fermée. Elle reçoit par voie intraveineuse du Valium, un sédatif utilisé pour contrer les symptômes de sevrage.

Dès son hospitalisation, l’infirmier Amrane Kacher semble lui accorder une attention particulière. Alors qu’elle est sur un brancard, l’infirmier observe pendant de longues secondes ses parties intimes, le sourire en coin. Une autre fois, il tente de lui prendre les seins.

Intérêt « inhabituel »

Amrane Kacher porte un intérêt « inhabituel » à la patiente, surtout que celle-ci ne lui est pas attitrée. Son attention est même « démesurée », selon le juge. L’infirmier l’avait par exemple escortée à l’extérieur pour qu’elle fume. « L’accusé avait fait des pieds et des mains pour s’acoquiner avec la plaignante », affirme le juge Salvatore Mascia.

Cette nuit-là, la patiente doit recevoir sa dose de Valium à 1 h le matin. Or, Amrane Kacher décide de son propre chef de lui en donner une à 0 h 30. Un comportement « suspect », selon le juge, puisque cette dose n’était pas nécessaire médicalement.

L’infirmier entre dans la chambre de la patiente, affaiblie par le sédatif, et se met à l’embrasser. Puis, il insère ses doigts dans son vagin et lui fait un cunnilingus. Il se masturbe finalement devant la femme. Tout au long de l’agression, la victime répète le mot « non ». Elle tente de se défendre, mais ses mouvements sont ralentis par le médicament.

La victime hésite d’abord à dénoncer son agresseur, de crainte de compromettre ses traitements à l’hôpital. Elle décide tout de même de le faire.

ADN retrouvé sur la poitrine

Amrane Kacher a d’abord nié avoir eu toute relation sexuelle avec la victime. Pour l’accusé, c’était « après tout sa parole contre celle de la plaignante », souligne le juge. Il croyait même pouvoir réintégrer son poste. Mais quand son ADN a été retrouvé sur la poitrine de la victime, l’accusé a changé sa version des faits.

Au procès, il a raconté que la victime l’avait soudainement embrassé. Il dépeint la femme comme une sorte de « tentatrice » vêtue que d’un soutien-gorge et d’un string. Selon l’accusé, c’est même elle qui a amorcé les gestes sexuels. Un récit « invraisemblable », a tranché le juge Mascia.

La défense a insisté sur le flou et les contradictions de la victime sur certains éléments de son récit. À ce sujet, le juge Mascia a rappelé que les témoins n’étaient pas « parfaits ».

« On ne peut s’attendre d’eux qu’ils racontent les évènements comme un présentateur sportif décrit un match de hockey », a imagé le magistrat.

MAnnabelle Sheppard représente la Couronne, alors que MValérie Riendeau et MChloé Rainville défendent l’accusé. Les observations sur la peine auront lieu dans les prochaines semaines.