La présentation d’images très crues du corps mutilé de Guylaine Potvin a créé l’émoi dans la salle au deuxième jour du procès de l’homme accusé de l’avoir tuée, au palais de justice de Chicoutimi.

À l’occasion du témoignage du technicien qui avait expertisé la scène de crime à l’époque, André Lecompte, mercredi, plusieurs de ces clichés pris le 28 avril 2000 ont été montrés au jury.

L’enquêteur retraité de la Sûreté du Québec est venu décrire ce qu’il a vu en entrant dans le banal appartement d’étudiants que Guylaine Potvin partageait avec deux colocataires, rue Panet, à Jonquière.

Il « ressemble à un appartement de colocs, d’étudiants, mais dans la chambre de la victime, c’est un fouillis, ça a brassé dans cette chambre-là », s’est-il remémoré, détaillant avec précision, 24 ans plus tard, la scène sur laquelle il avait été dépêché.

Selon une ordonnance du juge François Huot, de la Cour supérieure, aucune photo du corps de la jeune femme ne peut être publiée.

Mais dès l’apparition du premier de ces clichés sur les écrans de la salle de cour, une personne est sortie de la salle – l’affaire ayant fait grand bruit dans la région, le procès se déroule devant un grand public – alors que plusieurs autres retenaient des éclats de surprise.

Plusieurs proches de Guylaine Potvin qui assistent aux procédures pleuraient en silence.

PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE

L’arrière de l’immeuble, rue Panet à Jonquière, où Guylaine Potvin et ses deux colocataires louaient un appartement au sous-sol.

« Il y a des marques aux deux yeux, au niveau des sourcils et du cou. Des marques autour des yeux, du nez, de la bouche », a notamment énuméré André Lecompte en décrivant le corps à moitié nu de la jeune femme, laissée pour morte avec son t-shirt relevé au-dessus de sa poitrine.

« C’est un bon fouillis », a-t-il expliqué en commentant l’état de la chambre de Guylaine Potvin, qui était d’ordinaire bien rangée selon ce qu’avaient indiqué ses camarades de classe, la veille, durant leurs témoignages.

« On achève et on reste en vie », a-t-on également pu lire dans une lettre signée « Guylaine Potvin », laissée sur le bureau de sa colocataire et photographiée par l’enquêteur, à quelques semaines de la fin de la session au cégep où étudiaient les deux jeunes femmes.

Une ceinture et une boîte de condoms

Puis, André Lecomte a également attiré l’attention des membres du jury sur les images montrant les deux articles saisis sur les lieux et sur lesquels des traces d’ADN ont pu être prélevées : une boîte de condoms à moitié pleine qui se trouvait au pied de la jeune femme et une ceinture dont la boucle était brisée.

Les deux pièces à conviction ont été présentées dans des sacs en plastique que les jurés ont pu manipuler.

Marc-André Grenon, 49 ans, a été arrêté à Granby le 12 octobre 2022 à la suite d’une opération de filature. Il est accusé d’avoir agressé sexuellement et tué Guylaine Potvin, mais a plaidé non coupable aux deux chefs d’accusation.

PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

Marc-André Grenon, l’accusé

Le témoignage d’André Lecompte doit se conclure jeudi. Une médecin pathologiste, les colocataires de Guylaine Potvin et des enquêteurs de la Sûreté du Québec seront appelés à la barre des témoins la semaine prochaine.

La semaine suivante sera ensuite consacrée au témoignage des deux biologistes judiciaires qui viendront expliquer, entre autres, le fonctionnement de la technique novatrice d’analyse génétique qui a permis aux autorités d’arrêter Marc-André Grenon 22 ans après les faits.