Après 15 ans et trois procès, la saga judiciaire d’Adèle Sorella, reconnue coupable deux fois d’avoir tué ses filles de 8 et 9 ans puis acquittée en décembre dernier, n’ira pas plus loin.

Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a indiqué vendredi, à l’expiration du délai dont il disposait pour porter en appel l’acquittement de la femme d’un mafieux, qu’il n’irait pas de l’avant.

Le DPCP dit avoir procédé « à une analyse rigoureuse des motifs au soutien de cette [dernière] décision » et en être venu à la conclusion que « bien que ce verdict ne soit pas celui attendu, à la lumière des règles de droit applicables, le DPCP conclut qu’il ne peut porter cette cause en appel ».

« Rappelons que, pour justifier l’intervention de la Cour d’appel à la suite d’un acquittement, le poursuivant doit soulever une erreur de droit et que le simple désaccord n’est pas un motif suffisant », ajoute sa porte-parole, MAudrey Roy Cloutier.

La mort des deux filles d’Adèle Sorella, Sabrina et d’Amanda De Vito, restera donc un mystère.

La femme avait été acquittée en décembre dernier, au terme du troisième procès, en raison des « lacunes » dans la preuve et de la possibilité que la mafia ait pu tuer les fillettes.

Le 31 mars 2009, Adèle Sorella avait quitté sa résidence sans donner de nouvelles avant d’être retrouvée pendant la nuit dans sa voiture accidentée. Ses filles Amanda et Sabrina ont ensuite été retrouvées mortes par leurs oncles en fin de journée.

Elles étaient alors dans le salon, portaient toujours leurs uniformes d’écolières, et aucune trace de violence ou d’entrée par effraction n’avaient pu être retrouvées sur leurs corps et dans la maison.

Une longue saga

Un troisième procès avait été ordonné par la Cour d’appel parce que la juge du deuxième procès avait interdit à la défense de plaider la thèse de l’implication du crime organisé.

Il faut savoir que le père des fillettes et mari d’Adèle Sorella au moment des faits, était Giuseppe De Vito, un influent chef de clan mafieux en cavale depuis trois ans. Il est mort empoisonné au cyanure dans une prison à sécurité maximale en 2013.

Adèle Sorella était devenue paranoïaque depuis le départ soudain de son mari. Elle avait tenté de se suicider à trois reprises. Selon les experts, elle souffrait d’une dépression majeure et d’une dissociation pathologique. Une amnésie l’empêchait également de se rappeler de la journée fatidique où les fillettes sont mortes.

Elle avait été reconnue coupable par un jury de meurtres au premier degré, le 24 juin 2013, lors d’un premier procès, une décision cassée par la Cour d’appel.

Un appel de la poursuite restait possible, mais un quatrième procès pour meurtre aurait été pratiquement inédit.

Avec Louis-Samuel Perron, La Presse