Denis Leblanc voulait faire un « carnage ». Surtout, il voulait tuer des policières. Les femmes d’abord. Ses armes à feu et ses munitions étaient prêtes. Quand ses deux sœurs sont arrivées, Denis Leblanc les a froidement abattues. Sa cible suivante : une voisine qui l’avait éconduit. Puis, le baroud d’honneur. Une fusillade en pleine rue face aux policiers.

C’est du moins la théorie qu’entend prouver la Couronne au procès de Denis Leblanc, qui s’est amorcé lundi au palais de justice de Montréal. L’homme de 63 ans est accusé des meurtres prémédités de ses sœurs Diane et Sylvie Leblanc, ainsi que de tentatives de meurtre sur sa voisine Lina Petrilli et les policiers Patrick Rochon et Sébastien Houle.

Début octobre 2020. Denis Leblanc habite rue Ontario, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. La veille ou l’avant-veille des meurtres, il indique à un ami que ses armes sont chargées et sorties. L’homme est très clair dans ses intentions.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Des dizaines de voitures du SPVM ont été déployées sur les lieux, le jour du drame.

« [Il lui dit] : si les policiers se présentent, il les tire. Si des policières se présentent, il abattra en premier les femmes », a indiqué au jury le procureur de la Couronne MPierre-Olivier Bolduc, dans sa déclaration d’ouverture.

Le 3 octobre, jour fatidique. Denis Leblanc parle avec un voisin. Il lui dit qu’il y aura un « carnage dans la ruelle ». Comme à son ami la veille, il dit au voisin qu’il abattra les femmes policières. Denis Leblanc ne s’arrête pas là. Il exhibe au voisin une arme de chasse et des munitions et lui dit que d’autres armes sont positionnées près des portes et des fenêtres à l’intérieur.

Ses sœurs arrivent dans les instants qui suivent. Les deux premières femmes que l’accusé croise sur son chemin ce matin-là sont Diane et Sylvie. Et elles sont les deux premières victimes.

MPierre-Olivier Bolduc, procureur de la Couronne

Après une brève discussion, selon la Couronne, Denis Leblanc abat sa sœur Diane, 61 ans, d’une balle dans la joue. Puis, il tire sur sa sœur Sylvie, 56 ans. Elles n’ont aucune chance.

« Mais il ne s’arrête toujours pas là. Il poursuit son carnage », raconte MBolduc.

Une voisine prise pour cible

Denis Leblanc enjambe les corps et prend ensuite pour cible sa voisine Lina Petrilli, une femme pour qui il a un intérêt, mais qui a repoussé ses avances, selon la Couronne. L’accusé monte dans l’appartement de Lina Petrilli, brise la porte et ouvre le feu. Selon la preuve, Lina Petrilli évite de justesse le pire et se réfugie chez un voisin.

Denis Leblanc sort de son immeuble, l’arme de chasse dans les mains. Les policiers arrivent au même instant et se barricadent au coin de la rue. « Son désir d’abattre des femmes policières ne sera pas exaucé. Seuls des hommes sont présents. Quatre policiers en service », affirme le procureur de la Couronne, qui fait équipe avec MKaterine Brabant.

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Policiers enquêtant sur les meurtres de Sylvie et Diane Leblanc, le 3 octobre 2020

L’accusé ouvre le feu sur les policiers, à deux reprises. Il est finalement atteint à une jambe et s’effondre au sol.

La première témoin de la Couronne, l’agente Janie St-Hilaire, du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), a raconté au jury la découverte des corps des sœurs Leblanc. De la ruelle, la policière voit un corps recroquevillé dans l’escalier extérieur en colimaçon. En s’y rendant, elle tombe face à face avec un autre corps, en bas du balcon. Dans les deux cas, les morts sont évidentes. La scène est jonchée de sang.

Deux armes de chasse

L’agente St-Hilaire poursuit ses recherches de victimes à l’intérieur de l’appartement. Elle remarque une première arme de chasse, placée contre le mur de la chambre.

PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE

L’arme de chasse utilisée par Denis Leblanc pour ouvrir le feu sur les policiers, selon la Couronne

Puis, dans une autre pièce, une seconde arme de chasse, ainsi que des munitions « soigneusement » placées.

Je me suis dit : c’était comme une cache de chasse. C’était quelqu’un qui s’était préparé.

L’agente Janie St-Hilaire, du SPVM

Un technicien en scène de crime a commencé lundi à présenter au jury les photos de la scène de crime. Les jurés ont ainsi pu voir les corps des victimes.

L’arme du crime que Denis Leblanc aurait utilisée pour ouvrir le feu sur les policiers a aussi été exhibée au jury en salle d’audience.

Le procès se poursuit ce mardi. MAlexandre Garel et MFrançois Létourneau-Prézeau défendent l’accusé.