Lina Petrilli a vu sa vie défiler il y a quatre ans. Son voisin Denis Leblanc, qui l’aurait menacée et harcelée dans le passé, se tenait à sa porte avec une carabine, le visage « enragé ». Il venait, selon elle, d’abattre ses deux sœurs.

C’est la scène terrifiante exposée mercredi matin au procès de l’homme de 63 ans. Denis Leblanc est accusé des meurtres prémédités de Diane et Sylvie Leblanc le 3 octobre 2020, ainsi que de tentatives de meurtre sur sa voisine Lina Petrilli et les policiers Patrick Rochon et Sébastien Houle. Selon la théorie de la poursuite, Denis Leblanc a abattu ses deux sœurs sur le balcon derrière chez lui, avant d’enjamber leur corps pour tenter de tuer Lina Petrilli.

« J’avais un mauvais feeling », a expliqué cette dernière mercredi matin dans son témoignage.

La voisine de l’accusé a vu les deux sœurs parler à leur frère ce matin-là. Elle entend alors l’homme leur répondre en haussant le ton, a-t-elle confié au jury. « Qu’est-ce que vous faites ici, vous avez pas d’affaire là ! », leur dit-il.

L’accusé s’est mis à parler des restrictions liées à la COVID-19, selon la victime.

Lina Petrilli appelle aussitôt la police pour signaler un conflit. Pendant cet appel au 911, elle entend un coup de feu.

« Je pense qu’il vient de tirer sa sœur », dit-elle. Elle voit ensuite l’une des victimes tomber de l’escalier, selon son témoignage. Elle est toujours au téléphone quand elle entend le second tir.

« Il y en a une autre qui veut se faire tirer ou qui veut se faire tuer ? », a dit à ce moment Denis Leblanc, selon une autre témoin entendue par le jury. Elle a raconté avoir vu l’une des victimes recevoir le premier tir.

Paniquée, Lina Petrilli rentre chez elle et verrouille les portes.

« Je pensais juste à sauver ma peau », a-t-elle expliqué avec émotion.

Elle voit Denis Leblanc devant sa porte avec sa carabine. Il brise sa fenêtre d’un coup de crosse et déverrouille la porte, a-t-elle décrit au jury. « Il avait les yeux noirs noirs noirs et le visage d’un gars super enragé », s’est remémoré Mme Petrilli. Il était en position de tir « comme quelqu’un qui chasserait », a-t-elle décrit.

En fuyant, elle entend des coups de feu chez elle. Elle se réfugie dans un duplex à quelques pas de chez elle.

Elle aperçoit à ce moment la police et Denis Leblanc, toujours armé.

Il finit par lâcher son arme. Étendu au sol, il fouille dans les poches de son manteau, alors que les agents se ruent vers lui. « C’est là que je le vois s’allumer une cigarette », a laissé tomber Mme Petrilli.

  • Des armes de chasse et des munitions ont été retrouvées par les policiers dans l’appartement de Denis Leblanc.

    PHOTOS DÉPOSÉES EN PREUVE

    Des armes de chasse et des munitions ont été retrouvées par les policiers dans l’appartement de Denis Leblanc.

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« Le diable est réveillé »

Nous sommes le matin du 3 octobre 2020, peu avant le double meurtre. De son balcon, Mme Petrilli entend Denis Leblanc crier que « le diable est réveillé », au travers de la musique forte qui semble provenir de l’appartement de l’accusé, selon le récit de la témoin.

Il tient des propos incohérents au téléphone en disant qu’il allait « flusher » son cellulaire.

L’accusé se dirige vers une ruelle et le lance vers un mur de briques, selon la description de Mme Petrilli. « Il était enragé », a décrit la témoin.

Lorsque l’accusé ramasse les dégâts, il lui fait un doigt d’honneur. Plusieurs photos et enregistrements audio pris par Mme Petrilli des évènements précédant les meurtres ont été présentés au jury.

« Je me suis dit ça sent pas bon. Il y a quelque chose qui va arriver aujourd’hui », a-t-elle réitéré en salle d’audience.

Elle a fait référence à des bribes de conversation entre un voisin et Denis Leblanc entendues le matin du meurtre. Ce dernier semble être en état d’ébriété, a-t-elle précisé mercredi. Elle entend le voisin dire « C’est illégal, baisse le ton. T’as pas le droit », s’est remémoré la voisine.

Denis Leblanc tient alors selon elle divers propos inquiétants : il parle de sa sœur, de multiples armes chargées, mentionne la police en disant « espérer que ce soit des femmes » et parle de Mme Petrilli avec vulgarité.

Des injures et des menaces

Lina Petrilli avait repoussé les avances de son voisin Denis Leblanc quelques mois avant le double meurtre. « J’avais une forte idée, c’était que M. Leblanc était en amour avec moi. » Des sentiments qu’elle ne partageait pas, a clarifié Mme Petrilli en salle d’audience.

Après avoir été rejeté, l’accusé s’est mis à l’insulter et à la menacer un matin de février, a-t-elle raconté au jury. Il la traite de chienne, de salope, lui conseille « de faire attention » à elle et fait allusion à de la séquestration, selon son récit. « Il disait qu’il allait faire une plainte à mon employeur. »

« À mon retour du travail, il continue à me narguer. » La situation l’inquiète au point qu’elle appelle la police.

Quand les agents vont voir Denis Leblanc en lien avec cette plainte, il se montre hostile, selon Mme Petrilli. « Il n’a pas ouvert la porte aux policiers et a commencé à les injurier. Je ne sais pas ce qui s’est dit, mais ça parlait fort. »

Son voisin continue de lui envoyer des textos menaçants même après la visite des autorités, a-t-elle poursuivi.

Je me suis dit, il veut me faire du mal. Je me sentais pas prisonnière, mais comme s’il fallait que je fasse attention.

Lina Petrilli

Le procès de Denis Leblanc devrait durer plusieurs semaines. C’est MAlexandre Garel et MFrançois Létourneau-Prézeau qui défendent l’accusé. MPierre-Olivier Bolduc et MKaterine Brabant représentent la Couronne.