La famille de Cédrika Provencher a fait une rare apparition publique mercredi pour assister aux audiences préliminaires de la poursuite civile intentée par Jonathan Bettez contre l’État et la Sûreté du Québec. Les discussions se sont d’ailleurs poursuivies toute la journée entre les parties.

Martin et Henri Provencher, le père et le grand-père de Cédrika Provencher, ont surpris les journalistes en arrivant en milieu de matinée au palais de justice de Montréal. Les deux hommes se sont donc retrouvés brièvement dans la même salle que Jonathan Bettez, qui demeure le suspect numéro un du meurtre selon les policiers. Les Provencher n’ont pas souhaité accorder d’entrevue.

La disparition de la fillette de 9 ans en juillet 2007 à Trois-Rivières avait bouleversé le Québec à l’époque. Les ossements de Cédrika ont finalement été retrouvés en 2015 dans un boisé à une dizaine de kilomètres du lieu de sa disparition. Personne n’a été accusé dans cette affaire.

Mais aux yeux des policiers, Jonathan Bettez reste le principal suspect du meurtre. Or, une opération d’infiltration de type « Mister Big » d’une envergure sans précédent n’a pas permis d’obtenir d’aveux de la part de Bettez. Un juge a également éreinté les policiers pour leurs techniques d’enquête dans un dossier de pornographie juvénile, pour lequel Bettez a été acquitté sur toute la ligne.

C’est en raison de cet « acharnement » que Jonathan Bettez et des membres de sa famille poursuivent le gouvernement et la Sûreté du Québec pour 10 millions de dollars.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Jonathan Bettez au palais de justice de Montréal mercredi.

Ce n’est pas le procès qui se déroule cette semaine. Le juge Gregory Moore entend des requêtes préliminaires en divulgation de documents. Les débats sont souvent cryptiques puisqu’on ignore le contenu de certains de ces documents. Mais mardi, l’avocat de M. Bettez a révélé que de l’ADN avait été découvert sur des « pièces à conviction » trouvées sur le site des ossements, selon un rapport.

Les avocats du Procureur général du Québec (PGQ) souhaitaient que l’essentiel de ces débats se déroule derrière des portes closes, sans les journalistes. Or, à la suite de l’intervention d’un avocat des médias, le juge Moore a permis aux journalistes d’assister à des témoignages à huis clos. Cette décision a semblé désarçonner les avocats du gouvernement, qui ont même avancé l’idée de faire signer aux journalistes des « ententes de confidentialité ». Une avenue qui ouvrirait une « boîte de Pandore », selon le juge Moore.

Cette décision a semblé rapprocher les deux camps, puisque ceux-ci négocient depuis mardi après-midi afin d’écourter considérablement les débats préliminaires. Les audiences en salle d’audience n’ont d’ailleurs duré que quelques minutes mercredi. Un bref débat devrait se tenir jeudi matin sur la question de la preuve de l’écoute électronique mise sous scellés dans le dossier criminel de pornographie juvénile.