L’ex-président de Sutton Québec José Christophe Folla a comparu jeudi après son arrestation pour une série d’incendies criminels visant des courtiers immobiliers concurrents dans les Laurentides, sur plusieurs années. Le ministère public s’est opposé à sa libération et il doit subir son enquête sur remise en liberté à partir de lundi.

Folla se trouvait au poste de la Sûreté du Québec à Mascouche quand il est apparu en visioconférence sur un écran du palais de justice de Saint-Jérôme.

Les deux complices allégués de Folla, Benjamin Amar et Alain-Marc Nahmias, doivent quant à eux revenir en cour vendredi. Ils auraient eux aussi participé aux incendies criminels et tentatives d’incendies criminels à Saint-Sauveur et Sainte-Thérèse, de 2017 à janvier 2024.

Un courtier impliqué retiré du Groupe

La dénonciation policière mentionne aussi un courtier du Groupe Sutton Québec, Philippe Aune. Selon la police, il aurait « comploté » avec les trois autres accusés pour commettre la série d’incendies criminels, mais il n’est pas accusé.

Sutton Québec assure « qu’il sera retiré du Groupe ». La nouvelle patronne de la franchise, la cofondatrice Julie Gaucher, « est en contact avec ses clients » et « va leur offrir des services alternatifs », assure la porte-parole de l’entreprise, Patricia Lemoine Smith.

Entre mercredi et jeudi, la page d’Aune sur le site de Sutton Québec est disparue.

Selon le site de Sutton Québec, l’entreprise compte aujourd’hui 20 franchisés et 1500 courtiers immobiliers. Ils traiteraient 22 000 transactions par année.

Liens rompus

Mercredi, Sutton annonçait déjà qu’il comptait couper les liens avec Folla, qui a cofondé l’entreprise en 1995 avec Julie Gaucher. Son nom est disparu la journée même de la fiche de la compagnie au registre des entreprises. Son holding, Les Investissements Yaïck inc., était toutefois toujours inscrit comme co-actionnaire de l’entreprise avec la cofondatrice.

Selon nos informations, la SQ accuse Folla, Amar et Nahmias d’avoir allumé huit incendies criminels et d’avoir tenté d’en causer deux autres.

Ces crimes auraient détruit plusieurs immeubles, dont des locaux de Royal Lepage Humania et l’immeuble abritant ceux de ReMax Bonjour, à Saint-Sauveur.

À la demande du ministère public, la cour a prononcé une ordonnance de non-publication provisoire pour protéger l’identité d’un témoin dans l’enquête, sans toutefois l’identifier.

Les victimes seraient d’ex-partenaires

La Presse révélait hier que les principales victimes de ces crimes sont non seulement des concurrents de Sutton Québec, mais aussi d’anciens partenaires de la franchise.

Les immeubles qu’auraient visés les incendiaires appartenaient notamment à une entreprise de François Léger, décédé en 2022, et Christian Bouvrette. Ils travaillaient jusqu’en 2017 sous la franchise de Sutton Québec, avant de se joindre à Royal Lepage.

Les crimes reprochés à Folla et ses complices ont commencé peu après, en septembre 2017, selon la dénonciation policière.

Une autre propriété incendiée abritait des bureaux d’une autre franchise, Remax Bonjour. Ancien copropriétaire de la société qui détient l’immeuble à l’époque, André Chesnay croit que les incendiaires s’étaient trompés de cible en y mettant le feu, en février 2021.

« À la suite de l’enquête et du visionnement des caméras, on m’a dit : “c’est criminel.” »