« La personne qui a enlevé et tué Cédrika Provencher, ce n’est pas Jonathan ! », a martelé l’avocat de Jonathan Bettez vendredi. Au terme d’une semaine d’audiences préliminaires, les Bettez sont déterminés à « gagner » leur procès contre la Sûreté du Québec qu’ils accusent de s’être acharné sur eux pendant des années.

« Ce sont des battants. Des gens extrêmement résilients. Je salue leur courage d’avoir été ici cette semaine », a lancé MJessy Héroux en se tournant vers Jonathan Bettez et ses parents derrière lui, dans le corridor du palais de justice de Montréal.

« Il n’y aura pas de règlement dans ce dossier. Ils ont entrepris leur poursuite il y a plus de quatre ans, parce qu’ils voulaient que la Sûreté du Québec rende des comptes publiquement et réponde de ses actes », a poursuivi l’avocat, dans une brève déclaration aux journalistes.

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Jonathan Bettez

Cette semaine était consacrée à des requêtes préliminaires au procès, dont la date devrait être fixée d’ici septembre prochain. Jonathan Bettez réclame 10 millions de dollars en dommages à la SQ et à l’État pour avoir été dépeint à tort comme le meurtrier de la petite Cédrika Provencher. La disparition de la fillette de 9 ans en 2007 avait bouleversé le Québec. Ses ossements ont été retrouvés dans un bois en 2015.

Les audiences de cette semaine étaient donc consacrées à des débats — souvent cryptiques — portant sur la divulgation au camp Bettez de documents détenus par les policiers. Or, dans les faits, le juge n’a rien eu à trancher puisque les deux parties se sont entendues sur l’essentiel des documents au terme de trois jours de négociations.

« [Ces] documents de l’enquête vont nous permettre d’établir la faute de la SQ lors du procès. Ce sont les documents qu’on demandait depuis neuf mois. On est parvenu à une façon de les avoir, donc c’est réussi », s’est réjoui Me Héroux en mêlée de presse.

C’est la décision du juge Gregory Moore de permettre aux journalistes d’assister aux débats à huis clos qui a poussé les parties à la négociation. Dès que le juge a tranché en faveur des médias, les avocats du gouvernement ont semblé déstabilisés, suggérant même que le tueur de Cédrika pourrait être « très près des journalistes ». Il n’y a finalement eu aucun débat à huis clos.

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Cédrika Provencher est disparue en 2007

Pour le Procureur général du Québec, cette « entente de principe » avec le camp Bettez découle de trois éléments, dont la « protection de l’intérêt public. Pour ne pas entraver l’enquête en cours sur la disparition et le meurtre de Cédrika Provencher ni divulguer les techniques ou les méthodes d’enquête de la SQ qui sont inconnues des demandeurs ou du public », a expliqué au juge MValérie Lamarche.

L’avocat de Bettez a alors répliqué en salle d’audience que la « dernière chose » que ses clients souhaitaient, c’était « d’empêcher de trouver la personne qui a tué Cédrika Provencher ». En mêlée de presse, Me Héroux a renchéri : « André, Huguette et Jonathan veulent que le meurtrier de Cédrika Provencher soit arrêté et soit mis derrière les barreaux. »

Dans la courte portion publique des débats en début de semaine, Me Héroux a révélé que de l’ADN avait été découvert sur des « pièces à conviction » trouvées sur le site des ossements. Il n’a pas été possible d’en apprendre davantage, puisque ce rapport n’a pas été déposé en preuve.

« C’est certain que cette semaine, on aurait aimé avoir un débat public sur la preuve ADN, sur les descriptions physiques des suspects, les portraits-robots et les parades d’identifications et leurs résultats. C’est partie remise », a déclaré Me Héroux.

Les avocats du PGQ n’ont pas souhaité commenter.