(Longueuil) Un Longueuillois qui faisait face à de rares accusations de terrorisme a été condamné à trois mois de prison pour avoir menacé de tuer des politiciens et avoir incité des personnes à commettre des actes terroristes. Souffrant de problèmes de santé mentale, il a déjà lancé en direct une fausse bombe devant un poste de police.

En mai dernier, François-Xavier Jean est en direct sur TikTok. Il fume du crack dans une pipe. Pour la énième fois, il crache son fiel. Il lance à ses auditeurs qu’il entend « tuer plein de politiciens de l’Assemblée nationale » et qu’il va se « réincarner pour tuer plein de gens ». Il ne s’arrête pas là : il incite des personnes « à se sacrifier pour faire des actes terroristes ».

L’homme de 29 ans, surnommé « Prophètequébecofficiel », selon le plumitif, a plaidé coupable à certains chefs le 19 janvier dernier au palais de justice de Longueuil, dont avoir menacé de mort des politiciens, avoir fomenté la haine contre les politiciens et avoir harcelé des employés de TVA.

Quelques mois plus tôt, François-Xavier Jean a envoyé un courriel à TVA avec un inquiétant ultimatum. Si son message n’était pas présenté à l’écran pendant l’émission Salut, Bonjour !, un employé allait mourir. « Il mentionnait que la police était prévenue. Qu’il y aurait des attentats », a résumé la procureure de la Couronne.

Dans un autre dossier, François-Xavier Jean a été accusé à la mi-décembre 2023 de s’être fait passer pour un policier, d’avoir transmis au Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) des menaces de tuer des citoyens et, surtout, d’incitation à craindre des activités terroristes, une accusation rarement vue au Québec.

Plus précisément, on lui reprochait d’avoir « commis un acte qui, compte tenu du contexte, était susceptible de faire raisonnablement craindre que des activités terroristes étaient ou seraient menées, sans être convaincu qu’il en était ainsi ».

Or, ces accusations, dont celle liée au terrorisme, ont été retirées par la Couronne vendredi dernier lorsque François-Xavier Jean a reconnu sa culpabilité dans les autres dossiers. On ignore donc ce que l’homme avait fait pour faire craindre des activités terroristes aux policiers le 15 décembre dernier.

La prison, une « leçon »

Les avocats ont présenté au tribunal une suggestion commune de trois mois de détention. Une peine relativement clémente pour une personne avec autant d’antécédents judiciaires.

« On parle de quelqu’un qui a des problématiques de consommation et de santé mentale assez importantes. Il a eu plusieurs diagnostics dans le passé », a expliqué pendant l’audience son avocat, MOlivier Béliveau.

Le juge Dominique Dudemaine s’est alors questionné à haute voix sur l’incapacité de l’accusé d’arrêter de consommer. « On ne va pas remettre Monsieur en situation où il pourra se retrouver en bris [de condition] », s’est-il inquiété.

« [La prison], c’est une leçon suffisante pour ne pas recommencer à consommer. […] J’ai compris la leçon. […] J’ai eu mon quota », a alors répliqué l’accusé.

On propose quelque chose de relativement clément. Je comprends que c’est à cause de la drogue. Si vous continuez à consommer et à être menaçant envers le public, les politiciens, les journalistes et les gens ordinaires, la seule façon de protéger la société, c’est la prison.

Le juge Dominique Dudemaine, lors du procès de François-Xavier Jean

Le juge a entériné la suggestion commune de trois mois de prison. Mais comme l’accusé est détenu de façon préventive depuis 92 jours, sa peine est dans les faits déjà purgée. Il sera toutefois soumis à une probation de deux ans qui l’obligera à suivre une thérapie pour sa consommation.

« Il y a une bombe ! »

En avril 2021, François-Xavier Jean s’était filmé en direct sur Facebook en disant vouloir amener un « cadeau » ou une « bombe » au poste de police. Il s’agissait d’une « blague » du poisson d’avril. Il était alors dans une période de « désorganisation », selon les faits présentés en cour à l’époque.

Selon Le Journal de Montréal, la préparation de sa « blague » et même son arrestation avaient été diffusées en direct sur Facebook. « On va aller péter le show au poste de police », avait-il répété dans sa vidéo.

François-Xavier Jean s’était d’abord coupé les cheveux, puis avait déposé des balles de tennis dans une boîte de chaussures. Il l’avait finalement lancée devant le poste de police de Longueuil en criant : « Il y a une bombe ! », selon les faits admis. Le suspect avait rapidement été intercepté par un policier.

Il a plaidé coupable en 2022 à un chef de méfait pour cette affaire, ainsi qu’à des chefs de voies de fait sur un psychiatre et de voies de fait armées contre trois employées de l’hôpital Pierre-Boucher. Pendant une hospitalisation en 2019, Jean avait lancé des ordinateurs et des écrans sur les victimes. En 2020, il avait asséné deux coups de poing à son psychiatre.

Selon la procureure de la Couronne, François-Xavier Jean était responsable de ses gestes visant le poste de police, puisque « sa désorganisation était menée par une mauvaise hygiène de vie et non par ses problèmes de santé mentale ».

Le juge Marc-Antoine Carette avait toutefois nuancé ce constat : « C’était très limite, selon la conclusion. Très limite. » Le juge avait condamné François-Xavier Jean à une peine suspendue et une probation de deux ans, une peine qui tenait compte de sa longue thérapie fermée et de 41 jours de détention préventive.