(Saint-Jérôme) Trois trafiquants à la tête de l’un des plus gros réseaux de production de GHB au pays devaient prendre la route de la prison lundi matin pour purger des peines de cinq à sept ans d’emprisonnement. Or, dans une volte-face, ils ont congédié leurs avocats et demandé le retrait de leur plaidoyer de culpabilité, faute de preuve, selon eux.

« Le plaidoyer de culpabilité est bullet proof ! C’est un exposé de 14 pages », a plaidé le procureur de la Couronne, Me Steve Baribeau, lundi après-midi au palais de justice de Saint-Jérôme. Le ministère public entend ainsi s’opposer à cette demande de la défense.

Sébastien Turcotte, 44 ans, Éric Matte, 42 ans, et Jean-Philippe Robitaille, 45 ans, ont reconnu leur culpabilité à plusieurs chefs d’accusation en novembre dernier en lien avec la production et la distribution de GHB – mieux connue comme la « drogue du viol ». En vertu d’une suggestion commune, les trois hommes devaient écoper de peines de cinq à sept ans.

Les trafiquants transigeaient des quantités très importantes de GHB : plus de 1500 litres. L’équivalent d’entre 346 000 et 1 000 000 de doses, selon le dosage. Leur laboratoire de production, rue du Florilège à Terrebonne, au domicile de Sébastien Turcotte, avait une capacité de production substantielle.

Selon la preuve présentée à l’enquête sur remise en liberté, les hommes auraient pu produire de 14 à 43 millions de doses de GHB avec la quantité de produits chimiques achetés pendant la durée de l’enquête policière. La juge Sophie Lavergne avait d’ailleurs rappelé que le GHB faisait des « ravages dans la société », en mai dernier.

En liberté à leur arrivée au palais de justice de Saint-Jérôme lundi, les trois trafiquants espéraient visiblement le demeurer lorsqu’ils ont congédié leurs avocats et réclamé le retrait de leur plaidoyer de culpabilité. Une volte-face qui n’a pas empêché le juge François Landry d’ordonner leur détention immédiate, puisque l’entente avec la Couronne venait de tomber à l’eau.

Selon leurs nouveaux avocats, MM. Turcotte, Matte et Robitaille ont été condamnés alors qu’ils n’ont commis aucun crime.

« J’ose espérer que même vous, vous allez prendre du recul, a lancé au juge Me Mathieu Giroux, avocat de la défense. On a trois individus condamnés alors qu’on a absence d’infractions. Est-ce qu’il y avait présence de substances désignées ? »

Essentiellement, les trois hommes veulent contester la validité des certificats d’analyste de Santé Canada, lesquels confirment que la drogue saisie était du GHB.

Fait particulier : l’un des nouveaux avocats, Me Samuel Cozak, cite en jurisprudence dans la requête son propre dossier de trafic de stupéfiants. Dans cette affaire surnommée le « procès Breaking Bad » par les médias de Québec, Samuel Cozak, son frère et son père chimiste avaient obtenu un arrêt des procédures en raison de l’arrêt Jordan en 2017. Depuis, Me Samuel Cozak a joint le Barreau en 2022.

Me Mathieu Giroux et Me Noémie Ayotte défendent respectivement Jean-Philippe Robitaille et Éric Matte, alors que Me Cozak représente Sébastien Turcotte.