Un manque d’expérience, une visibilité réduite et la vitesse trop grande du bateau sont responsables de l’accident du 17 octobre 2021 ayant coûté la vie au pompier Pierre Lacroix, au cours d’une opération de sauvetage dans les rapides de Lachine.

C’est du moins ce que conclut un rapport du Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) publié ce mercredi, plus de deux ans après les faits. La mort de Pierre Lacroix, un pompier d’expérience décédé lors d’une tentative de sauvetage de deux plaisanciers en dérive dans les rapides de Lachine sur le fleuve Saint-Laurent, avait choqué tout le Québec à l’automne 2021.

L’enquête de l’organisme fédéral a d’emblée « permis d’établir que pendant l’opération de sauvetage, les pompiers étaient principalement concentrés sur la localisation visuelle de l’embarcation de plaisance plutôt que sur la détermination de leur propre position », écrivent les analyses.

« En raison du manque d’expérience de l’équipe dans ce secteur, de sa concentration sur la recherche de l’embarcation de plaisance, de la visibilité réduite, ainsi que de la vitesse du bateau, l’équipe n’a pas réalisé qu’elle entrait dans la zone d’exclusion des rapides de Lachine », ajoute le BST, qui prend soin de préciser qu’un évènement semblable était survenu en 2010.

Il est d’ailleurs « interdit aux pompiers d’effectuer des opérations de navigation, de formation ou de sauvetage dans cette zone sans demander l’assistance de la Garde côtière canadienne », rappelle le Bureau.

Ce dernier note au passage que c’est « en raison de l’urgence de la situation et de l’absence de critère objectif pour abandonner et transférer l’opération à un autre bateau de sauvetage […] que l’équipage a poursuivi l’opération dans des conditions difficiles pour lesquelles il n’avait pas reçu de formation ».

Selon l’enquête du BST, quand le bateau de sauvetage des pompiers est arrivé au nez de l’embarcation de plaisance, les pompiers « ont entrepris une opération de sauvetage risquée avec un remorquage en marche arrière », soit une « opération complexe et inhabituelle pour un bateau avec une propulsion par réaction ».

Le bateau de sauvetage a alors « subi une perte de propulsion arrière et de gouverne ». Puis, la propulsion du navire a été mise vers l’avant, « ce qui a provoqué la collision avec l’embarcation de plaisance et a entraîné l’envahissement par les eaux et le chavirement soudain du bateau ».

Recommandations similaires

Depuis l’évènement, le SIM a retiré du service tous les bateaux du même modèle pour les remplacer par des bateaux à moteur hors-bord, une décision que salue le Bureau de la sécurité des transports.

En octobre 2022, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) avait aussi attribué le décès de M. Lacroix à une formation déficiente des pompiers et des problèmes avec le bateau de sauvetage.

L’organisme québécois avait à ce moment interdit au SIM toute navigation dans la zone non balisée des rapides de Lachine, jusqu’à ce que les mesures soient mises en place pour assurer une navigation sécuritaire. Le ministère de la Sécurité publique avait aussi été appelé à renforcer les protocoles de sécurité.

Plus récemment, en avril 2023, la coroner Géhane Kamel avait également eu des recommandations similaires, en appelant à plus de clarté dans la ligne de commandement.