Le documentariste Sébastien Rioux peut pousser un soupir de soulagement : son cyberharceleur Peter Poncak a été condamné jeudi à une peine de neuf mois de prison, assortie d’une probation de trois ans et de plusieurs conditions de mise en liberté.

« C’est un poids de moins sur les épaules. Là, c’est vraiment terminé. C’est une histoire qui aura duré plus de quatre ans dans mon cas, mais je pense qu’avec une peine comme ça, on va en dissuader plusieurs de faire pareil. Et je sais que ça va faire jurisprudence. C’est l’une des premières causes sur le harcèlement en ligne au Québec », lance M. Rioux en entrevue avec La Presse.

Le principal intéressé est un documentariste et musicien de Trois-Pistoles. Fin 2019, il avait décidé de porter plainte à la police contre Peter Poncak, qui lui avait envoyé sur les réseaux sociaux un mème tiré du film Taken, où on lisait « I will find you, and I will kill you » (en français : « Je vais te trouver et je vais te tuer »).

À l’époque, la police avait retrouvé Poncak et l’avait interrogé, mais aucune accusation n’avait été déposée. C’est toutefois après cette première plainte que tout a basculé, rapportait en avril la chroniqueuse de La Presse Isabelle Hachey.

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Début 2020, M. Rioux a commencé à recevoir un torrent de menaces, d’insultes et de messages haineux sur Twitter, Instagram et YouTube, ainsi que par courriel. L’artiste en était à un point où il redoutait même de s’asseoir devant son ordinateur le matin, en commençant sa journée. M. Rioux a finalement porté plainte une deuxième fois à l’automne 2020. Une enquête a de nouveau été ouverte.

Près d’un an plus tard, le 4 août 2021, la police de Gatineau, appuyée par l’escouade du cybercrime de Montréal, a arrêté Peter Poncak, âgé de 38 ans, après avoir relié ses comptes à une adresse IP. Poncak a finalement été déclaré coupable en mars dernier, mais son procès a ensuite été au ralenti. En avril, sa sentence avait été reportée au mois de février en raison de l’engorgement des tribunaux.

Une peine exemplaire

Au bout du fil, jeudi, Sébastien Rioux s’est dit tout simplement « serein » : il pourra enfin passer à autre chose dans les mois à venir. « Je m’attendais à un ou deux mois de prison, donc je ne vous cacherai pas qu’à neuf mois, j’ai été très surpris. La juge a voulu donner une peine exemplaire. Elle a beaucoup mis l’accent sur la gravité du fléau grandissant de la haine sur l’internet. Et je le salue », ajoute le Pistolois.

« Depuis le début, la raison pour laquelle j’avais fait une sortie publique, c’est que je voulais sensibiliser les gens sur le sujet. Maintenant, mon but va être de transformer tout ça en quelque chose de positif. Je vais notamment faire des conférences sur le cyberharcèlement dans les écoles bientôt », conclut-il.

Peter Poncak avait déjà de nombreux antécédents judiciaires avant son procès. Il avait notamment été reconnu coupable de harcèlement à six autres occasions, mais aussi d’omission de se conformer à des ordonnances et de voies de fait.