L’ex-hockeyeur Noah Corson « n’a pas pris toutes les mesures raisonnables » pour vérifier l’âge de sa victime de 15 ans, alors qu’il était majeur, lors d’une relation sexuelle en groupe en 2016. Un juge l’a reconnu coupable d’agression sexuelle avec d’autres personnes, vendredi, à Drummondville.

En 2016, Noah Corson, fils de l’ex-joueur du Canadien Shayne Corson, était un hockeyeur de 18 ans en vue des Voltigeurs de Drummondville. Un soir, alors qu’il était attablé à La Cage aux Sports avec ses deux complices mineurs, l’un d’entre eux avait invité la plaignante – rencontrée sur les réseaux sociaux – et une amie à les rejoindre.

La soirée s’était poursuivie à l’appartement de l’adolescente de 15 ans, où il est admis qu’une activité sexuelle de groupe a eu lieu. Au procès, la plaignante a raconté avoir fait une fellation à un des garçons alors qu’un autre l’a agressée. Elle n’était pas consentante, avait-elle certifié.

« Malgré le jeune âge de l’accusé qui peut être pris en considération dans l’analyse de la raisonnabilité des mesures pour baser sa croyance sincère quant à l’âge [de la victime], le Tribunal conclut qu’il n’a pas pris toutes les mesures raisonnables qu’il aurait dû prendre dans les circonstances », a tranché le juge Paul Dunnigan, au palais de justice de Drummondville, en début de journée.

Selon le magistrat, il importe dans ce genre de situation de « distinguer les défenses d’erreur de fait basées sur la prise de mesures raisonnables de celles où il faut prendre toutes les mesures raisonnables », comme c’était le cas ici, a-t-il dit.

Bref, « compte tenu de cette conclusion, il n’y a pas lieu de trancher d’autre question pour arriver au verdict », a renchéri le juge, avant de reconnaître Noah Corson coupable d’agression sexuelle avec d’autres personnes.

Une peine à suivre

L’ex-hockeyeur risque en théorie un minimum de cinq ans de prison puisque la victime avait moins de 16 ans au moment des faits. Les observations de la Couronne et de la défense sur la peine auront lieu le 3 mai prochain. Un rapport présentenciel sera préparé entre-temps pour aider le tribunal à déterminer la peine devant être rendue.

Le Sherbrookois aujourd’hui âgé de 25 ans était accusé d’agression sexuelle avec d’autres personnes depuis un moment déjà. Ses deux complices, des hockeyeurs de 17 ans, ont déjà plaidé coupable en Chambre de la jeunesse. Leur identité est donc protégée par une ordonnance, tout comme celle de la victime d’ailleurs.

C’est M. Corson lui-même qui aurait d’abord fait référence à un possible « trip à trois », ce qui aurait créé un malaise parmi le groupe, a relaté le juge.

« Elle se souvient leur avoir dit qu’elle ne voulait pas avoir de relation sexuelle. […] C’était un non ferme », a noté le magistrat vendredi, en reprenant le témoignage de la victime. Après l’agression, les trois jeunes hommes auraient quitté la chambre où la victime « est demeurée seule, déstabilisée et en pleurs ».

La Couronne a plaidé au procès que non seulement l’ex-hockeyeur n’a rien fait pour vérifier l’âge de sa victime de 15 ans, mais qu’il l’a également pénétrée sans son consentement pendant un viol collectif. La défense, elle, avait appelé au contraire le juge à rejeter la version de la plaignante, étant d’avis que celle-ci avait consenti à la relation sexuelle.

« M. Corson n’était pas invité dans la chambre. La porte était fermée. C’est lui qui s’invite. Il ne prend aucune mesure pour vérifier le consentement de [la plaignante] et la pénètre », avait plaidé le procureur de la Couronne MMarc-André Roy, lors d’une audience en novembre dernier.

Un autre viol collectif

Ce jugement intervient alors qu’à London, en Ontario, cinq joueurs de hockey professionnel, Alex Formenton, Cal Foote, Michael McLeod, Dillon Dube et Carter Hart, ont comparu lundi dernier en lien avec un viol collectif allégué qui serait survenu en marge d’un évènement de Hockey Canada en 2018, au Championnat du monde junior.

Plus tôt cette semaine, la police de London, en Ontario, a offert ses excuses formelles à la victime pour la manière dont s’est déroulée l’enquête. Celle-ci avait été conclue sans accusations en février 2019, avant d’être rouverte sur la base de « nouveaux éléments de preuve et de nouvelles informations » en juillet 2022. Des experts ont toutefois déploré peu après que ces excuses ne suffisent pas du tout à réparer le préjudice et le mal causés à la victime.

Avec Louis-Samuel Perron, La Presse