C’est un autre juge qui entendra la demande en retrait de plaidoyer de culpabilité de trois dirigeants d’un énorme réseau de production de GHB. Critiqué par la défense, le juge François Landry s’est récusé de son propre chef mardi pour éviter un « malaise évident ».

Les rebondissements se multiplient dans cette affaire depuis quelques semaines. Les trois trafiquants de drogue de la couronne nord, Sébastien Turcotte, Éric Matte et Jean-Philippe Robitaille, devaient amorcer leur peine de cinq à sept ans d’emprisonnement, fin janvier, après avoir reconnu leur culpabilité.

Or, il y a deux semaines, les trois hommes toujours en liberté ont plutôt congédié leurs avocats et demandé le retrait de leur plaidoyer de culpabilité en faisant valoir une affaire de divulgation de preuve. Comme les trois trafiquants avaient répudié l’entente négociée par leurs avocats, le juge François Landry a décidé de retirer leur cautionnement et de les détenir jusqu’à nouvel ordre.

Cette décision du juge Landry a soulevé l’ire des nouveaux avocats des trafiquants. C’est pour cette raison qu’ils réclamaient mardi la récusation du juge Landry. Notons que c’est le juge lui-même visé par une telle requête qui détermine s’il est nécessaire de s’exclure d’une cause.

En parallèle, le procureur de la Couronne MSteve Baribeau voulait faire rejeter d’emblée la demande de retrait de plaidoyer de la défense.

Toutefois, le juge Landry a surpris tout le monde mardi en décidant de se récuser pour d’autres motifs. Selon lui, il ne peut entendre la requête en retrait de plaidoyer puisqu’il a participé aux négociations entre les avocats en tant que juge facilitateur.

« Le Tribunal estime que la personne bien renseignée et raisonnable pourrait penser à une situation de conflit potentiel. Pas d’apparence de partialité, mais de malaise évident pour le Tribunal appelé à se pencher sur une demande de plaidoyer dans lequel il a pris part au niveau des négociations. En conséquence, le Tribunal estime qu’il doit se récuser du dossier des accusés », a expliqué le juge Landry.

Du tac au tac, l’avocat de la défense MSamuel Cozak, a alors fait valoir que toutes les décisions prises par le juge étaient « annulées », y compris le plaidoyer de culpabilité des délinquants.

« Ce n’est pas l’opinion du Tribunal. Le plaidoyer a été enregistré. C’est simplement pour l’étape du retrait. Le ou la juge décidera de la validité. Le plaidoyer restera là », a tranché le juge Landry.

Sébastien Turcotte, 44 ans, Éric Matte, 42 ans, et Jean-Philippe Robitaille, 45 ans transigeaient des quantités très importantes de GHB, mieux connue comme la « drogue du viol ». Leur laboratoire de production à Terrebonne avait une capacité de production substantielle.

Selon la preuve présentée à l’enquête sur remise en liberté, les hommes auraient pu produire de 14 à 43 millions de doses de GHB avec la quantité de produits chimiques achetés pendant la durée de l’enquête policière. La juge Sophie Lavergne avait d’ailleurs rappelé que le GHB faisait des « ravages dans la société ».

MMathieu Giroux et MNoémie Ayotte sont les autres avocats de la défense.