Après avoir fait traîner la justice pendant huit ans, un Montréalais de 60 ans a été condamné lundi à sept ans de pénitencier pour avoir transmis le VIH à deux femmes en leur cachant pendant des années le danger qu’il représentait. L’une de ses victimes se sent « condamnée pour la vie ».

« [S]es propos qu’il regrette les torts causés sont peu sincères. Il n’accepte pas véritablement la responsabilité de ses actes. La dénonciation et la dissuasion doivent primer », a tranché le juge Yves Paradis en imposant cette peine sévère.

Le Montréalais de 60 ans espérait s’en tirer avec de la prison à domicile. Comme résident permanent, il risque maintenant d’être expulsé du pays à la fin de sa peine.

Accusé en 2016, Alfredo José a plaidé coupable en mars 2020 d’avoir causé des lésions corporelles à ses deux victimes par négligence criminelle. Pendant des années, il a ensuite tenté de retirer sa reconnaissance de culpabilité en se posant en victime de son médecin et de son avocat. « Il cherchait à mettre le blâme sur les autres », a souligné le juge.

Après des années d’attente, ses deux victimes étaient sur place lundi au palais de justice de Montréal pour assister à l’imposition de la peine.

Sur une longue période et de façon répétitive, M. José s’est engagé volontairement dans des relations sexuelles avec ses partenaires intimes en se sachant porteur du virus, sans les prévenir et sans prendre les précautions minimales.

Extrait du jugement du juge Yves Paradis

Ce crime figure dans la partie « supérieure » de l’échelle de gravité en matière de négligence criminelle, selon le juge.

Des conséquences importantes

Pendant des années, Alfredo José a eu des relations sexuelles non protégées avec sa première victime, sans jamais l’aviser de sa condition, même s’ils avaient déjà discuté du VIH. Quand la femme a appris être porteuse du VIH, Alfredo José n’a pas réagi. C’est finalement cinq ans plus tard qu’elle a découvert qu’il suivait un traitement de trithérapie.

Même s’il savait avoir transmis le VIH à sa première victime, Alfredo José a eu des relations sexuelles non protégées pendant des mois avec une autre femme sans l’aviser de sa condition. Notons qu’entre 1997 et 2015, Alfredo José aurait bénéficié d’un suivi intermittent en lien avec un diagnostic du VIH. Il a toutefois cessé de se présenter à ses rendez-vous pendant une période en 2017.

Les conséquences sont importantes pour les deux victimes. La première a été « terriblement affectée », vit énormément d’anxiété et éprouve de la honte. Elle manque d’énergie et de concentration et dépense des sommes importantes pour ses traitements.

La seconde victime a été détruite par les crimes d’Alfredo José. « Elle est complètement déconnectée de la réalité. Elle se sent condamnée pour la vie, impuissante. Elle est en colère. Elle a énormément souffert et souffre encore », a résumé le juge.

Selon l’agente de probation, le risque de récidive d’Alfredo José est « élevé ». Dans un rapport, on évoque son opportunisme et son irresponsabilité face à son diagnostic de VIH.

« Dans le cas de peines pour des infractions commises dans un contexte semblable de transmission du VIH, la protection de la société requiert que la dénonciation et la dissuasion de tels comportements occupent une place prééminente, et ce, dans un but de prévention et de protection du public », a affirmé le juge.

Me Jérôme Laflamme a représenté le ministère public, alors que l’accusé se défendait seul.