Embauche et accréditation sécuritaire des employés des ports, suivi dans la conformité des marchandises, hausse des examens aléatoires des conteneurs ; les directeurs de police du Québec suggèrent une série de mesures « robustes » dans les installations portuaires au pays pour arrêter « l’hémorragie » que constituent les vols de véhicules.

« Il n’y a pas si longtemps, le vol de voiture était relégué au rang d’incident mineur, presque anodin. Mais, comme nous le savons, les temps ont changé », a déclaré jeudi matin Pierre Brochet, président de l’Association des directeurs de police du Québec (ADPQ), devant le Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes sur les vols de véhicules au Canada.

« Ces vols, à défaut de me répéter, s’accompagnent maintenant d’une escalade de violence, représentant une menace bien réelle pour nos citoyens et nos forces de l’ordre. Les récentes attaques contre des policiers sont particulièrement préoccupantes ».

« Il est donc désormais évident que le vol de voitures ne se limite plus à un simple préjudice matériel ; il porte atteinte à la quiétude de nos concitoyens, de nos policiers, à la sécurité de nos villes et de nos routes, engageant ainsi la responsabilité de tout un pays », a ajouté celui qui est aussi directeur du Service de police de Laval.

Hausse de 58 %

En 2023, plus de 15 000 véhicules ont été volés au Québec, une hausse de 58 % au cours des trois dernières années.

Le crime organisé est derrière la plupart de ces larcins et des réseaux organisent des envois outre-mer réguliers vers l’Afrique et le Moyen-Orient, par conteneurs.

« Ces réseaux exploitent les failles dans la sécurité du transport maritime, avec le port de Montréal comme l’une de leurs cibles privilégiées », a dit le directeur de police selon qui il fallait « une riposte vigoureuse » au fléau des vols de véhicules.

« Le phénomène des vols d’automobiles met en lumière l’intégrité même des ports au Canada qui représentent des infrastructures essentielles pour notre pays. Nous devons revoir en profondeur la sécurité de nos ports, comprendre les stratagèmes des criminels et agir de façon rigoureuse et déterminée. Nous devons contrer l’infiltration du crime organisé dans nos ports », a-t-il dit.

Filtrer les employés

M. Brochet propose de renforcer les processus de sélection et le système d’accréditation de sécurité de tous les employés des ports, et de revoir la réglementation qui les entoure. Il suggère de donner ce mandat aux corps policiers.

Le chef de police croit qu’Ottawa devrait obliger tous les transporteurs maritimes à s’assurer que les marchandises qu’ils transportent correspondent aux manifestes des conteneurs.

Il demande au gouvernement d’imposer aux douaniers un pourcentage d’examens aléatoires des conteneurs.

Pour les constructeurs automobiles, M. Brochet propose qu’Ottawa renforce les normes législatives auprès de ceux-ci pour les obliger à améliorer les dispositifs de sécurité dans leurs véhicules en intégrant, par exemple, un système antidémarreur personnalisé sur tous les véhicules neufs et un délai d’au moins une heure avant qu’une clé puisse être reprogrammée.

Enfin, le président de l’ADPQ demande au fédéral de financer des équipes mixtes policières pour lutter contre les vols de véhicules et de déployer des systèmes de repérage et des réseaux de surveillance sur les axes routiers, comme cela existe déjà aux États-Unis.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.