Un Montréalais ayant des problèmes de santé mentale qui a sauvagement agressé sexuellement une femme à un arrêt d’autobus, parce qu’il avait « envie de baiser » risque d’être condamné à quatre ans de détention. Quasi incontrôlable en salle d’audience, Pierre Lafrance estime ne pas « mériter » de sentence pour son crime.

« J’ai fait des lésions corporelles à cette femme de 30 ans, mais ça faisait longtemps que je voulais baiser une femme. Je ne l’ai pas tuée ! Elle est encore vivante ! […] Je suis écœuré d’être à [la prison de] Bordeaux. Je suis écœuré ! 15 mois de prison pour rien ! Pour rien ! », se déchaîne Pierre Lafrance, en salle d’audience.

Le Montréalais de 54 ans a donné du fil à retordre à la juge Flavia K. Longo, le 28 février dernier, au moment de plaider coupable à un chef d’agression sexuelle causant des lésions. Visiblement perturbé, l’accusé s’est emporté à de nombreuses reprises. Tantôt il voulait reconnaître sa culpabilité, tantôt il réclamait un procès.

Un procès, ça veut-tu dire que je vais avoir une remise en liberté ? J’ai de la difficulté à comprendre entre le non coupable et le coupable.

L’accusé, Pierre Lafrance

« Je suis très, très nerveux », poursuit-il, pris de panique. La juge ordonne alors une pause.

De retour en salle d’audience, Pierre Lafrance sanglote en parlant de sa mère décédée. « Je veux retourner le plus vite possible auprès de mon frère. Je veux sortir de prison ! J’ai droit à la liberté comme tout le monde. Vous êtes tous en liberté, j’ai droit d’être en liberté ! Laissez-moi ma chance, Mme la juge. Je ne suis pas un criminel ! », supplie-t-il.

Par moment, il vocifère ou parle si vite que ça en devient incompréhensible. Puis quelques secondes plus tard, il présente ses excuses et dit calmement que le procureur de la Couronne est un « très bon monsieur ».

Pierre Lafrance souffre de schizophrénie depuis des années. Il a d’ailleurs été hospitalisé à 13 reprises à l’Institut de psychiatrie légale Philippe-Pinel depuis les années 1980.

Malgré son état mental, il est bel et bien responsable criminellement de la sordide agression commise le 25 octobre 2022, selon une psychiatre.

Une agression violente

Ce matin-là, Pierre Lafrance avait une irrémédiable pulsion sexuelle. Il avoue d’ailleurs avoir eu de telles pulsions une cinquantaine de fois, mais sans passer à l’acte. Il a alors attaqué une femme qui attendait l’autobus près du parc Maisonneuve, dans l’est de Montréal.

L’agression sexuelle est particulièrement violente. Après l’avoir interrogée sur son origine ethnique, Pierre Lafrance prend la femme à la gorge et la jette au sol. Quand elle s’enfuit, il la rattrape et la pousse contre un véhicule. Il la blesse en lui égratignant les parties génitales.

« M. Lafrance va par la suite la lancer au sol à nouveau. Il va prendre la tête de Madame à deux mains et va la frapper au sol à plusieurs reprises. Il la traîne ensuite et lui enlève un soulier. M. Lafrance va mordre les cuisses de la victime. Elle va réussir à s’enfuir et un Bon Samaritain va appeler le 911 et s’occuper d’elle », a résumé le procureur de la Couronne, MCharles Doucet.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Le procureur de la Couronne, MCharles Doucet

Malgré la violence du crime, Pierre Lafrance minimise ses gestes à plusieurs reprises pendant l’audience. À deux occasions, il réclame sa liberté en disant que la femme est « encore vivante ».

Un risque « évident » de récidive

Un juge avait d’ailleurs ordonné son maintien en détention en décembre 2022 en raison de sa dangerosité. « Vous représentez un risque évident : si vous reprenez la liberté, il y a un danger pour les femmes. […] Les circonstances sont extrêmement dangereuses », avait conclu le juge Erick Vanchestein.

À la prochaine audience, les avocats vont suggérer une peine de quatre d’emprisonnement, moins le temps purgé de façon préventive. Il devrait donc lui rester environ deux ans à purger, si la juge entérine la suggestion commune. Une peine qui semblait toutefois trop longue pour le délinquant.

Pierre Lafrance a ainsi demandé à son avocate s’il sortirait bientôt de prison. « En avril 2024 ? À ma fête en mai ? Est-ce que je vais pouvoir passer ma fête avec mon frère ? », s’est-il interrogé.