Un mafioso lié au camp des Rizzuto libéré en 2012 après trois décennies de détention pour trafic de cocaïne, interrompue par son enlèvement par un cartel colombien, vient de se faire resserrer ses conditions de libération conditionnelle. Sabatino Sam Nicolucci, 70 ans, n'a désormais plus le droit de se trouver dans la Petite Italie et de fréquenter des cafés italiens.

«Votre présence dans ce secteur représente une situation à risque de rencontrer des membres du crime organisé», écrit la Commission des libérations conditionnelles du Canada dans une décision récente obtenue par La Presse. Le quadrilatère prohibé se trouve entre le boulevard Saint-Laurent et les rues Alma, Jean-Talon et Bellechasse, à Montréal.

«Vous avez été observé en train d'aller d'un restaurant à l'autre, dont à un connu pour être fréquenté par des individus liés au crime organisé. Ces possibles liens avec des personnes liées au crime organisé sont une préoccupation», soutient le commissaire pour justifier le resserrement des conditions de libération du septuagénaire.

De plus, note-t-on dans la décision, des personnes doivent toujours de l'argent au mafioso pour des dettes antérieures à sa peine de prison.

«La Commission garde en tête que vos crimes sont de nature très sérieuse et que vous continuez de minimiser votre rôle dans la criminalité.»

«La Commission note que vous manquez de transparence de façon flagrante avec vos superviseurs», ajoutent les commissaires.

Criminel à la longue feuille de route, Sabatino Nicolucci était considéré à l'époque comme l'un des narcotrafiquants les plus prolifiques de la mafia. Alors un homme de confiance de Nicolo Rizzuto, il avait été condamné à une peine de 14 ans de pénitencier en 1985 pour avoir importé et exporté des quantités importantes de cocaïne au profit de la mafia. Libéré sous conditions en 1991, Sabatino Nicolucci avait disparu en 1994. Il avait été kidnappé, puis séquestré en Colombie pour avoir refusé de payer plus d'un million de dollars à un cartel.

Demandes de libération rejetées

Le mafioso avait ensuite été condamné à 19 ans de pénitencier en 1997 pour avoir importé plus de 400 kilos de cocaïne et avoir blanchi environ 30 millions de dollars. Il avait été coincé dans l'enquête Compote de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) qui avait ouvert un bureau de change dirigé par des agents doubles à Montréal.

Les demandes de libération conditionnelle de Sabatino Nicolucci ont ensuite été rejetées à plusieurs reprises dans les années 2000, jusqu'à sa libération sous conditions spéciales en juin 2012.

Dorénavant, Sabatino Nicolucci n'a pas le droit de se trouver dans un établissement dont la source principale de revenu est l'alcool, incluant les cafés de style italien ou les établissements connus pour être des lieux de rassemblement du crime organisé italien. Il lui est également interdit de communiquer avec toute personne détenant un dossier criminel.