Des intervenants demandent au gouvernement fédéral de troquer son «dénombrement ponctuel» des itinérants au pays contre des listes «en temps réel» de sans-abris et de gens vivant dans la pauvreté.

Le dénombrement et le suivi des itinérants au pays est une démarche diffuse et complexe, mais Ottawa doit avoir un portrait clair de la situation s'il veut diminuer la pauvreté et aider ceux qui sont en quête d'un toit.

Des experts estiment que les dénombrements ponctuels, bien qu'ils soient utiles, équivalent à conduire une voiture tout en regardant dans le rétroviseur.

Les données dites «par nom» contenues dans les listes permettent aux municipalités de mieux redistribuer les ressources limitées en fonction des conditions actuelles, plutôt que de se baser sur un dénombrement déjà caduc.

Ce sont des données en développement, alors chaque fois qu'une personne est relogée, son nom peut être retiré de la liste. Les nouveaux individus y sont quant à eux ajoutés, a expliqué Ali Ryder, administratrice des programmes de logement à Kingston - municipalité ontarienne qui a l'un des systèmes de listes les plus sophistiqués au pays.

Mercredi, dans le cadre d'une réunion de deux jours portant sur le dénombrement ponctuel réalisé plus tôt cette année, les fournisseurs de logement ont encouragé le gouvernement fédéral à utiliser le système de liste.

Le ministre du Développement social, Jean-Yves Duclos, a déclaré que le gouvernement fédéral était ouvert à toutes les idées pour recueillir de meilleures informations sur les itinérants au pays.

Il a admis qu'il manquait des données sur le nombre d'itinérants au Canada, leur niveau de pauvreté et leurs besoins spécifiques.

Le gouvernement tente de recueillir ces informations, qu'il devrait avoir d'ici les deux prochaines années, a précisé le ministre Duclos.

«Nous devons travailler de très près avec les organisations (et) les communautés locales pour rassembler plus d'informations sur ce qui fonctionnerait le mieux dans chaque contexte, parce que ce que nous entendons de la part des provinces, des territoires, et des municipalités, c'est que le contexte fait toute la différence», a-t-il expliqué.

La liste par nom permet aux organisations concernées de consulter un portrait en temps réel de l'itinérance dans une communauté, et des besoins spécifiques de celle-ci. Les itinérants acceptent de donner leur nom lorsqu'ils s'enregistrent auprès d'un fournisseur de service, où ils sont évalués selon leurs besoins.