(Ottawa) Des parlementaires ukrainiens demandent au Canada de donner à leur pays l’argent dont il a besoin pour acheter des armes afin de lutter contre l’invasion russe.

Les parlementaires ukrainiens doutent que les négociations avec la Russie aboutissent à la paix, et ils estiment que la seule façon de vraiment protéger leur pays est d’atteindre la supériorité militaire sur le terrain.

Cinq parlementaires ukrainiens ont lancé leur appel après avoir rencontré en personne le premier ministre Justin Trudeau et d’autres représentants du gouvernement dans une tentative désespérée d’obtenir plus de soutien pour leur pays assiégé.

Les parlementaires ukrainiens ont énuméré trois domaines prioritaires dans lesquels ils ont dit que l’Ukraine avait besoin de plus d’aide : de nouvelles sanctions contre la Russie, une aide financière ⁠– et plus d’armes.

« L’Ukraine doit gagner la guerre pour chasser les soldats russes de son territoire. C’est notre seule option. Pour ce faire, l’Ukraine a besoin d’armes létales. D’armes lourdes », a déclaré Anastasia Radina, membre de la délégation.

L’Ukraine a donné au Canada une liste « complète » de matériel militaire dont le pays a un besoin urgent, a ajouté Mme Radina, y compris pour de l’armement lourd comme des chars et des défenses antiaériennes.

« Nous ne pouvons pas faire cela avec des fusils, nous devons avoir des armes lourdes pour expulser les Russes de notre territoire », a déclaré Yevheniya Kravtchouk, autre membre de la délégation.

« Parce que si nous parlons de la fin de cette guerre, cela signifie de gagner cette guerre parce qu’à part cela, [le président russe Vladimir] Poutine ne s’arrêtera pas », a-t-elle fait valoir.

Le Canada a envoyé plusieurs tranches d’équipement militaire en Ukraine, y compris des armes antichars, depuis la première attaque des forces russes fin février.

Mais la ministre de la Défense, Anita Anand, a déclaré que le stock d’équipement disponible des Forces armées canadiennes est maintenant épuisé. M. Trudeau et Mme Anand ont affirmé que le gouvernement envisageait plutôt d’acheter des armes prêtes à l’emploi pour l’Ukraine.

La délégation ukrainienne a déclaré qu’il était possible d’acheter les armes nécessaires aux pays européens. C’est pourquoi elle demande au gouvernement libéral de fournir des fonds à cette fin dans le budget fédéral de la semaine prochaine.

« Sur les fonds pour acheter des armes, c’est l’une des demandes que nous avons faites, a déclaré Mme Radina. Et j’espère que nous avons livré le sentiment d’urgence de cette demande. »

La délégation a mis en garde contre les retards causés par la « prise de décision bureaucratique », affirmant que des armes sont nécessaires immédiatement.

Les parlementaires ont également demandé au Canada de fournir une aide financière directe au gouvernement de Kyiv, qui, selon eux, a du mal à joindre les deux bouts en raison des dommages économiques causés par l’invasion russe.

Le Fonds monétaire international a débloqué 1,4 milliard de fonds d’urgence à l’Ukraine le mois dernier pour faire face aux dommages économiques « substantiels » causés par la guerre, qui a tué des milliers de soldats et de civils.

« Nous recherchons non seulement le soutien du Fonds monétaire international, mais nous recherchons un financement direct pour notre budget d’État », a déclaré la présidente de la délégation, Ivanna Klympush-Tsintsadze.

Les parlementaires ukrainiens ont indiqué avoir fait leur appel à l’aide du Canada lors d’une réunion jeudi avec M. Trudeau et la vice-première ministre Chrystia Freeland, d’origine ukrainienne, qui est également ministre des Finances du Canada.

« Nous sommes inspirés par le courageux peuple d’Ukraine et son formidable combat contre l’invasion barbare de Poutine », a dit la porte-parole de Mme Freeland, Adrienne Vaupshas, dans un communiqué.

« Comme nous l’avons dit depuis le début de cette guerre, toutes les options sont sur la table pour garantir l’échec de l’invasion de l’Ukraine par la Russie », a-t-elle ajouté.

Vendredi, M. Trudeau a discuté avec des ministres de son cabinet et de hauts fonctionnaires lors d’une réunion du Groupe d’intervention en cas d’incident au sujet de la guerre en Ukraine.

« Le premier ministre et les ministres ont discuté de l’aide humanitaire, financière et militaire que le Canada a fournie à l’Ukraine à ce jour. Ils ont examiné différentes options en vue de continuer de répondre aux besoins changeants de l’Ukraine face à l’agression russe qui se poursuit », a indiqué le bureau du premier ministre dans un communiqué à propos de la réunion.

Mme Kravtchouk a dit aux journalistes qu’une sirène de raid aérien avait retenti sur son téléphone lors de la réunion de la délégation avec le premier ministre.

« Cela signifiait que dans le quartier où réside ma fille de huit ans, il y a eu une tentative d’attaque aérienne et ma fille a dû aller [se réfugier] au sous-sol au lieu d’aller à l’école », a-t-elle déclaré.

Au moins 148 enfants ont été tués en Ukraine depuis le début de l’invasion russe, a-t-elle dit, ajoutant que le nombre réel est probablement beaucoup plus élevé.

Les délégués ont également accusé le président Vladimir Poutine, le gouvernement et l’armée russes d’avoir perpétré des crimes de guerre et ont remercié le Canada d’avoir demandé à la Cour pénale internationale d’enquêter.