(Washington) Des élus et des représentants américains du milieu des affaires augmentent la pression sur le gouvernement Trudeau pour réduire les retards de voyage entre les États-Unis et le Canada.

Près de 1500 courriels ont été envoyés aux députés fédéraux et au ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, depuis la mise en ligne de la nouvelle campagne du Conseil des affaires canadiennes-américaines (CABC), « Voyagez comme si c’était en 2019 », il y a deux semaines.

Elle demande à Ottawa de supprimer la controversée application ArriveCan, un outil de présélection obligatoire pour les personnes arrivant au Canada.

Le CABC veut également que le gouvernement fédéral élimine l’arriéré de 350 000 demandes pour adhérer au programme NEXUS, permettant d’accélérer le passage de voyageurs à la frontière canado-américaine.

Les deux sont des symptômes directs de la pandémie et ne sont qu’une partie d’une série de facteurs qui, selon les voix critiques des mesures gouvernementales, causent des retards de voyage généralisés à travers le continent et découragent certains voyageurs potentiels.

Mais ce sont aussi les facteurs les plus faciles à retirer, selon la présidente-directrice générale de l’organisme, Maryscott Greenwood, qui craint que la pandémie ne soit devenue une excuse facile pour alourdir graduellement l’accès à la frontière.

Pas plus tard que la semaine dernière, le ministre fédéral des Transports, Omar Alghabra, a déclaré au comité des transports de la Chambre des communes que les impacts persistants de la pandémie sont à blâmer pour les retards de voyage chroniques dans les aéroports canadiens.

Toutefois, l’opposition conservatrice a tenté de faire d’ArriveCan un paratonnerre politique, tout comme certains législateurs américains.

« Cette exigence décourage les voyages, nuit au flux du commerce et accable les voyageurs avec la soumission d’informations privées sur la santé », a écrit la représentante républicaine de New York, Elise Stefanik, dans une lettre la semaine dernière au ministre Mendicino et à l’ambassadrice du Canada aux États-Unis, Kirsten Hillman.

Les personnes entrant en sol canadien doivent utiliser l’application accessible sur le web et téléphone intelligent pour télécharger à l’avance leurs documents de voyage et leur statut vaccinal.

Certains voyageurs sont intimidés par les demandes de l’application, tandis que d’autres ne suivent pas la procédure de téléchargement jusqu’à leur arrivée à la frontière ou à l’aéroport, ce qui entraîne des retards aux douanes, a poursuivi Mme Stefanik.

« En conséquence, les voyageurs choisissent de rester chez eux plutôt que de faire face à de longs temps d’attente et aux frustrations causées par l’application ArriveCan. »

Au sujet de NEXUS, le représentant démocrate de New York, Brian Higgins, a écrit à Chris Magnus, le commissaire des douanes et de la protection des frontières des États-Unis, pour exiger que l’agence donne la priorité à réduire l’arriéré de demandes du côté américain.

Le système reçoit entre 8000 et 15 000 demandes par jour, et le temps d’attente actuel pour un rendez-vous est supérieur à neuf mois, a écrit M. Higgins.

Il a également cité des statistiques récentes sur la frontière qui suggèrent que le volume de trafic entrant aux États-Unis est toujours l’ombre de ce qu’il était en 2019.

Les données publiées par l’agence frontalière la semaine dernière montrent que 250 678 véhicules de tourisme sont entrés aux États-Unis dans la région de Buffalo-Niagara Falls en juin de cette année, contre 462 665 en juin 2019.

« Ces opérations réduites nuisent à l’économie des États-Unis ainsi qu’à la qualité de vie le long de notre frontière nord », a soutenu M. Higgins.

« Le traitement rapide des demandes et des entrevues NEXUS augmentera l’activité frontalière alors que nous nous efforçons de nous remettre de la pandémie de COVID-19. »

L’arriéré actuel des demandes pour NEXUS a atteint 350 000. Les bureaux de NEXUS aux États-Unis ont rouvert en avril, tandis que les 13 centres d’inscription au Canada restent fermés.

Des médias ont récemment rapporté que ces bureaux sont fermés en raison d’un différend sur la question de savoir si les douaniers américains devraient être autorisés à porter des armes de poing à l’intérieur des centres NEXUS, mais Maryscott Greenwood n’est pas convaincue.

Le traité bilatéral qui régit le précontrôle entre le Canada et les États-Unis permet déjà aux gardes-frontières américains de conserver leurs armes de poing dans certaines circonstances, a-t-elle déclaré. Les États-Unis souhaiteraient que ces conditions soient étendues pour inclure NEXUS.

Mme Greenwood a affirmé qu’elle croit que le gouvernement fédéral pourrait ouvrir ces centres rapidement s’il en faisait une priorité – et elle espère que la campagne pourra aider à y parvenir.

« Ils en entendent parler par nous, ils en entendent parler par des membres du Congrès et ils en entendent parler par leurs propres électeurs », a-t-elle fait valoir.

« Je pense que cela s’intensifie au point où il faut s’en occuper. »