(Vancouver) « C’était une de mes personnes préférées au monde, et elle me manquera. » Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a rendu hommage à la reine Élisabeth II, qui a admirablement servi le Canada, a-t-il déclaré avec émotion, jeudi.

« C’est avec une grande tristesse que nous apprenons aujourd’hui le décès de Sa Majesté la reine Élisabeth II. Elle était notre reine pendant presque la moitié de l’existence du Canada, et elle avait une affection évidente et profonde pour tous les Canadiens », a laissé tomber Justin Trudeau, jeudi, à Vancouver.

« En tant que 12e premier ministre canadien [sous son règne], j’ai beaucoup de mal à accepter que la dernière fois que je l’ai vue sera la dernière fois. Ses conversations vont me manquer énormément. Elle était intéressée, intéressante, engagée, curieuse, drôle. Elle m’a beaucoup conseillé », a-t-il ajouté.

La « présence », la « grâce », la « force » de la souveraine britannique auront été une « ressource importante » pour tous dans un monde « très compliqué », a loué Justin Trudeau, qui arborait sur son veston noir un ruban noir que tous ses ministres et employés politiques portaient également.

« C’était une de mes personnes préférées au monde, et elle me manquera énormément », a-t-il conclu.

Ce texte en hommage à la reine, Justin Trudeau l’a lui-même rédigé, a-t-on dit dans son entourage. Avant de devenir premier ministre, il avait rencontré la reine à titre de fils de premier ministre, en compagnie de son père, Pierre Elliott Trudeau.

La souveraine, elle, a effectué en tout 22 tournées royales au Canada.

La dernière fois qu’elle a mis les pieds sur le sol canadien, c’était en 2010. Accompagnée de son défunt mari, le prince Philip, elle avait visité trois provinces. Sa visite la plus marquante, cependant, aura probablement été celle d’avril 1982, à Ottawa, dans le cadre du rapatriement de la Constitution.

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La reine Élisabeth II avait reçu le premier ministre Justin Trudeau au château de Windsor, le 7 mars 2022.

Le premier ministre a fait cette déclaration solennelle dans une salle de l’hôtel de Vancouver où son cabinet était en retraite en prévision de la rentrée parlementaire. L’annonce qu’il devait faire à l’issue de la rencontre a été annulée.

En matinée, avant que la mort de la reine ne soit confirmée, il était clair que le gouvernement était en alerte, à voir la fébrilité dans les couloirs de l’hôtel. Certains ministres ont paru ébranlés ; la vice-première ministre, Chrystia Freeland, a remplacé la robe rouge qu’elle portait par une robe noire, en signe de deuil.

Protocole détaillé

Le protocole veut que ce soit d’abord le gouverneur général du Canada qui fasse une déclaration après la mort du souverain, puis le premier ministre.

« Sa Majesté la Reine était à la fois compatissante, dévouée, humble, à l’écoute des gens et sensée. Rien n’a été plus important pour elle que de servir son peuple, et elle a inspiré tant de gens par son dévouement à la Couronne », avait ainsi réagi en premier la représentante de la monarchie au Canada, Mary Simon.

« Avec sa disparition, nous pleurons la fin d’une époque », s’est désolée la gouverneure générale dans un discours prononcé en soirée à Rideau Hall mêlant l’anglais, le français et l’inuktitut.

Elle se souciait du Canada, et s’intéressait à toutes les histoires uniques qui font notre beau pays.

Mary Simon, gouverneure générale du Canada, à propos de la reine Élisabeth II

À Ottawa, le drapeau qui flotte sur la tour de la Paix a été mis en berne.

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Le drapeau qui flotte sur la tour de la Paix a été mis en berne, jeudi.

Les détails sur la suite du protocole seront dévoilés sous peu.

Deuil dans l’opposition

La mort de la reine pourrait chambouler les plans du Parti conservateur, qui s’apprêtait à dévoiler le nom de son prochain chef. Le Comité organisateur de l’élection « envisage une manière appropriée et respectueuse d’annoncer les résultats de l’élection à la direction 2022 », a signalé son président, Ian Brodie.

Une mise à jour à ce sujet sera fournie ce vendredi.

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Candice Bergen, cheffe par intérim du Parti conservateur du Canada

Dans l’intervalle, la cheffe par intérim de la formation, Candice Bergen, a exprimé la « tristesse indicible » provoquée par la disparition de la souveraine. « Le sens du devoir de Sa Majesté envers le Canada était à la fois profondément ancré et démontré dans ses actions », a-t-elle fait valoir par voie de communiqué.

Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a affirmé qu’elle avait vécu « une vie d’histoire et de devoir ». « Elle était aussi une mère, une grand-mère et une arrière-grand-mère. Mes pensées vont aujourd’hui à sa famille qui a perdu un véritable pilier dans leurs vies », a-t-il écrit.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

« Elle aura été au cœur d’un siècle trouble avec le désir d’y être une force positive », a déclaré le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet.

Le chef bloquiste Yves-François Blanchet a exprimé « au nom de tous les élus, équipes et membres du Bloc québécois » ses plus « sincères condoléances ». « Elle aura été au cœur d’un siècle trouble avec le désir d’y être une force positive », a-t-il ajouté.

En savoir plus
  • 10
    Nombre de jours de deuil qui seront observés au Canada à la suite de la mort de la reine Élisabeth II. Durant cette période, les drapeaux sur tous les immeubles et établissements gouvernementaux, au pays et à l’étranger, seront mis en berne.
    Source : gouvernement du Canada
    96
    Nombre de coups de canon qui seront tirés lors du défilé commémoratif à Ottawa, soit un coup de canon par année de vie de la défunte monarque
    Source : gouvernement du Canada