(Ottawa) Des dizaines d’organismes d’aide internationale du Canada demandent à la ministre des Finances, Chrystia Freeland, d’augmenter les contributions du pays à l’aide étrangère.

La demande est présentée dans une lettre signée par 75 organisations non gouvernementales, dont les branches canadiennes de groupes tels qu’Oxfam, Save the Children, l’UNICEF et Vision mondiale.

Elles demandent à la ministre Freeland d’augmenter le financement de l’aide internationale par rapport aux 8,15 milliards promis dans le dernier budget et de hausser progressivement ce chiffre jusqu’à 10 milliards d’ici 2025.

Dans leur missive, dont La Presse Canadienne a reçu une version préliminaire, ils affirment que leurs interventions pour la démocratie et le droit des femmes et des enfants « ont agi comme un rempart contre la montée de l’autoritarisme ».

Si le Canada renonce à augmenter chaque année son aide internationale, « tout cela est menacé », estiment-elles.

Le budget 2023 devrait être déposé ce printemps, mais la date précise n’est pas encore connue.

Les libéraux ont promis plus d’argent pour les dépenses internationales chaque année depuis leur arrivée au pouvoir en 2015, mais les crises mondiales telles que la pandémie de COVID-19 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont changé la façon dont les fonds ont été alloués.

« Alors que nous sortons de la pandémie de COVID, nous voyons un monde confronté à de multiples crises qui s’aggravent, qu’il s’agisse de conflits, de climat, d’inflation, de recul de la démocratie et des droits de la personne », a constaté Kate Higgins, directrice générale de Coopération Canada, qui représente 96 organismes canadiens sans but lucratif et qui figurait parmi les signataires de la lettre.

« Dans ce contexte, nous voyons l’aide internationale canadienne comme un investissement très stratégique et intelligent dans le monde que nous voulons voir. »

À la fin de 2021, le premier ministre Justin Trudeau exhortait toujours les ministres du gouvernement à augmenter chaque année l’aide au développement international du Canada.

Mais Mme Freeland a également souligné précédemment la nécessité de réduire et de revoir les dépenses publiques dans un contexte de turbulences économiques mondiales liées à la pandémie, de guerre et de hausse de l’inflation et des taux d’intérêt.

Elise Legault, directrice canadienne de la campagne ONE, une initiative mondiale pour mettre fin à la pauvreté, dit qu’il n’a jamais été aussi important pour le gouvernement fédéral d’augmenter le financement de l’aide internationale.

« Le Canada a été là pour l’Ukraine et le monde l’a remarqué, mais nous devons également tenir parole envers d’autres pays où les crises qu’ils n’ont pas provoquées s’accumulent, comme la pandémie, la hausse des prix des denrées alimentaires et le changement climatique », a-t-elle soutenu dans un communiqué.

« Nous devons agir maintenant pour aider à prévenir de nouvelles souffrances et de l’instabilité. »

Plus tôt ce mois-ci, le ministre du Développement international, Harjit Sajjan, a encouragé les organismes à mobiliser le soutien du public en faisant un meilleur travail pour faire connaître leurs progrès.

« Nous devons faire plus de bruit lorsque les choses vont bien et dire : « C’est la prévention des conflits. C’est le succès. » Et nous devrions célébrer cela encore plus », a-t-il indiqué lors d’une réception marquant la Semaine du développement international.

« Les politiques sont une chose. L’argent est une chose. Mais l’action ne peut se faire qu’à travers vous. »