(Edmonton) La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, a élargi samedi sa nouvelle politique de restriction des questions des médias pour limiter non seulement les questions des journalistes, mais aussi celles des médias.

Mme Smith a déclaré à son émission de radio sur Corus que non seulement les journalistes individuels sont désormais limités à une question lors des conférences de presse — comme annoncé vendredi — mais qu’elle n’acceptera pas plus d’une question au total de la part d’un organe de presse lors d’un évènement.

Mme Smith a réaffirmé qu’elle devait limiter les questions afin de fournir davantage de réponses.

« Chaque média aura une question au lieu de deux pendant cette période de la campagne, car je dois m’assurer que nous touchons le plus grand nombre de personnes possible », a déclaré Mme Smith lors de l’émission Your Province Your Premier.

« De cette façon, nous pourrons toucher davantage de médias, car la campagne électorale suscitera beaucoup plus d’intérêt. »

Le conseiller principal de Mme Smith, Rob Anderson, a confirmé le changement dans une déclaration sur Twitter, en écrivant que Mme Smith répondra à une question par média et par conférence de presse pendant six semaines, afin de pouvoir s’adresser à davantage de médias au cours de la prochaine période électorale.

La campagne électorale doit être lancée le 1er mai et le scrutin aura lieu le 29 mai, mais les politiciens des deux camps sont déjà à pied d’œuvre, frappant aux portes, faisant des promesses et se critiquant les uns les autres.

La cheffe de I’opposition, la néo-démocrate Rachel Notley, a promis de répondre à autant de questions que possible, y compris les questions de suivi, ajoutant que si Mme Smith ne veut pas répondre aux questions, elle ne devrait pas être première ministre.

Les journalistes des grands organes de presse ont souvent plus d’un journaliste qui assiste aux conférences de presse de Mme Smith pour poser des questions sur divers sujets propres à leur spécialité ou sur lesquels ils travaillent.

Traditionnellement, ils posent une question principale et une question de suivi.

Ces questions de suivi sont considérées comme essentielles pour permettre aux journalistes de clarifier la première réponse si nécessaire et pour demander des comptes aux politiciens qui ne répondent pas à la première question, mais qui se contentent d’énoncer des points de discussion qui n’ont qu’un rapport avec la question.

Mme Smith a utilisé la technique « une question, pas de suivi » avec les journalistes vendredi, puis avec les auditeurs de son émission de radio samedi.

Vendredi, Mme Smith a été invitée à réconcilier des commentaires contradictoires dans lesquels elle parle favorablement d’Art Pawlowski, un pasteur de rue de Calgary, tout en désavouant ses « opinions extrémistes ». Art Pawlowski a fait la une des journaux pour avoir protesté contre les mesures sanitaires liées à la COVID-19 et contre la communauté LGBTQ+.

Mme Smith a déclaré qu’elle dénonçait toutes les formes d’intolérance. Il n’y a pas eu de suivi.

On a demandé à Mme Smith quel rôle le groupe populiste de centre droit Take Back Alberta jouera dans sa campagne. Take Back Alberta a une influence grandissante au sein du parti, soutenant la moitié des membres du conseil et s’impliquant dans les associations de circonscription et les nominations de candidats.

M. Smith a répondu que le Parti conservateur uni est un parti ouvert, avec « un membre, un vote », où tout le monde a son mot à dire. Aucun suivi n’a été donné.

Lors de son émission de samedi, un interlocuteur nommé Jeff, qui s’est décrit comme un partisan de longue date du Parti conservateur uni, a demandé à Mme Smith de faire le point sur des déclarations contradictoires sur la politique de santé.

En réponse, Mme Smith a accusé le NPD d’essayer de brouiller les pistes et a rappelé à Jeff que son gouvernement travaille à la création de comptes de gestion des dépenses santé pour les services non assurés tels que les dentistes et les thérapeutes.

Les personnes qui appellent l’émission n’ont généralement pas le droit à des questions de suivi, mais une personne qui a appelé samedi pour poser des questions sur les coûts de l’électricité a réussi à poser une question principale et deux questions de suivi.

Mme Smith a été confrontée à des questions sur sa position en matière de santé après avoir annoncé cette semaine que son gouvernement n’autoriserait pas le paiement des soins de santé de sa poche, bien qu’elle ait préconisé, dans un document d’orientation publié en 2021, un nouveau modèle incluant le paiement d’un médecin de famille, de co-paiements pour les opérations chirurgicales et, éventuellement, d’hôpitaux privés.

Un autre auditeur a demandé catégoriquement à Mme Smith si elle s’en tenait toujours à son point de vue de 2021 sur la santé.

« Je ne crois pas qu’un léopard change ses taches, alors laissez-moi vous poser la question directement : rejetez-vous catégoriquement ce que vous avez écrit dans ce document ? Oui ou non ? S’il vous plaît, ne donnez pas une réponse de type miroir aux alouettes », dit le message, lu à haute voix par l’animateur.

Mme Smith n’a pas répondu par oui ou par non, mais a plutôt évoqué les comptes de gestion des dépenses santé.

En plus de limiter les questions, Mme Smith a également annoncé cette semaine qu’elle ne ferait aucun commentaire sur l’enquête en cours menée par la commissaire à l’éthique de la province.

Le cabinet de Mme Smith a déclaré que la commissaire à l’éthique Marguerite Trussler tente de déterminer si Mme Smith s’est ingérée dans le fonctionnement de la justice en s’entretenant avec l’accusé au sujet de son affaire avant son procès criminel.

Dans cet appel, on entend Mme Smith proposer de faire des recherches au nom de l’accusé tout en lui disant que les accusations portées contre lui étaient motivées par des considérations politiques, ajoutant qu’elle partage ses préoccupations sur la façon dont les procureurs de la Couronne mènent les affaires liées aux mesures COVID-19.