Un Canadien piégé au milieu d’une guerre qui s’intensifie au Soudan a été forcé de faire un voyage risqué de trois jours pour fuir le pays déchiré par la guerre, puisqu’Ottawa n’a pas fourni aux résidants canadiens un plan d’évacuation clair.

Hisham Mohamed, âgé de 49 ans, devait rentrer chez lui à Welland, en Ontario, le 18 avril. Son vol a toutefois été annulé en raison de la violence croissante entre l’armée soudanaise et la force paramilitaire rivale connue sous le nom de « Forces de soutien rapide ».

Malgré les risques auxquels il s’exposait, M. Mohamed a décidé de fuir Khartoum, la capitale du Soudan, après avoir été confronté à la perspective de manquer de nourriture et d’eau.

M. Mohamed s’est inscrit au registre des citoyens canadiens d’Affaires mondiales Canada le jour même où les combats ont commencé, il y a une semaine, mais il n’a pas eu d’autres nouvelles, a-t-il dénoncé. Après des appels répétés au ministère pendant trois ou quatre jours, on lui a seulement conseillé de se mettre à l’abri.

« Après le quatrième appel, j’ai compris qu’ils ne feraient rien », a souligné M. Mohamed lors d’un entretien téléphonique, alors qu’il se trouvait à la frontière entre le Soudan et l’Égypte.

C’est à ce moment-là que j’ai pris la décision d’agir et d’essayer de quitter Khartoum, puis le Soudan.

Hisham Mohamed

Le trajet vers l’Égypte prend environ sept heures en temps normal, mais M. Mohamed a eu besoin de trois jours pour y arriver. Il a raconté avoir voyagé en autobus, en camionnette et en voiture.

« Peu importe ce qu’on vous offre, vous le prenez, a souligné M. Mohamed. Mais grâce à Dieu, je suis arrivé à bon port. »

Efforts d’évacuation

L’armée soudanaise a indiqué samedi qu’elle coordonnait les efforts d’évacuation des ressortissants étrangers et des diplomates de quatre pays, alors que les combats entraient dans leur deuxième semaine.

Le chef de l’armée, le général Abdel Fattah Burhan, a déclaré qu’il faciliterait l’évacuation des citoyens et diplomates américains, britanniques, chinois et français du Soudan, après s’être entretenu avec les dirigeants de plusieurs pays qui avaient demandé de l’aide.

Plusieurs pays étrangers, dont le Canada, se sont efforcés de rapatrier leurs ressortissants, dont beaucoup sont prisonniers à l’intérieur de leur maison et commencent à manquer de nourriture.

Le ministère des Affaires étrangères n’a pas immédiatement répondu à une demande de La Presse Canadienne afin de savoir si les Canadiens recevraient une aide du fédéral pour quitter le Soudan.

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a déjà affirmé que le Canada n’avait aucun moyen d’aider les citoyens pris au piège à échapper aux combats. Les vols sont cloués au sol depuis des jours et la plupart des grands aéroports sont devenus de dangereux champs de bataille, a-t-elle rappelé.

Programme de parrainage réclamé

Le président de l’Association des communautés soudanaises au Canada a par ailleurs demandé au gouvernement fédéral de créer un programme afin de permettre à des familles de parrainer un proche pris dans la tourmente au Soudan.

Ashraf alTahir a mentionné que son organisation a écrit au premier ministre Justin Trudeau et à la ministre Joly à ce sujet.

Selon lui, la communauté soudanaise au Canada est prête à payer pour tous les coûts qui seraient associés à ce programme. Toutefois, il faut que celui-ci soit mis en place par le gouvernement fédéral.

M. AlTahir craint un génocide au Soudan comme celui qui avait frappé le Rwanda, il y a plusieurs années. Il a ajouté que les gouvernements occidentaux ne doivent pas abandonner la population vivant dans ce pays africain.

Vendredi soir, le gouvernement canadien avait annoncé l’envoi de membres de l’équipe permanente de déploiement rapide d’Affaires mondiales Canada à Djibouti en raison de l’instabilité et de la détérioration rapide de la situation au Soudan.

Mme Joly a aussi indiqué que l’ambassade du Canada à Khartoum a temporairement suspendu ses activités en personne. Elle a précisé que l’équipe de déploiement rapide pourrait fournir des services d’intervention d’urgence, de coordination, d’assistance consulaire et de soutien logistique.

Le gouvernement a indiqué que le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes « planifient diverses éventualités », mais n’a pas donné d’autres détails.

Le ministère des Affaires étrangères a estimé qu’il comptait environ 1500 Canadiens enregistrés comme étant au Soudan.