Le nombre de décès chez les motocyclistes a atteint de nouveaux sommets durant la pandémie, un phénomène qui ne serait pas étranger à la popularité croissante des véhicules à deux roues. Alors qu’une série noire d’accidents touche le Québec, Statistique Canada révèle de nouvelles données permettant de comprendre pourquoi davantage de collisions mortelles surviennent chez ces usagers de la route.

Une augmentation de 24 % depuis 2019

Au total, 232 personnes sont mortes en 2021 et 242 en 2020, selon les dernières données pancanadiennes disponibles, alors qu’elles avaient pris place sur une motocyclette. Statistique Canada note qu’« il s’agit du plus grand nombre de décès enregistrés en plus de 20 ans et d’une augmentation de 24 % par rapport aux 195 décès enregistrés en 2019 ». Une telle hausse est significative puisque le nombre de décès varie peu, généralement. Résultat : même s’ils regroupent seulement 2 % des usagers de la route, les motocyclistes représentent aujourd’hui « plus de 10 % de toutes les mortalités » sur les routes du pays.

Deux fois plus de motocyclistes

Une nuance s’impose néanmoins. La hausse des décès n’est pas étrangère à la multiplication du nombre de motocyclistes sur les routes du Canada. En 2021, on dénombrait 816 000 titulaires d’un permis de conduire de moto, contre quelque 300 000 au tournant des années 2000. En analysant l’âge des motocyclistes ayant perdu la vie, Statistique Canada note que certains groupes d’âge sont plus à risque. C’est en effet chez les 40-59 ans que l’on déplore le plus de décès. Viennent ensuite les 25-39 ans et les 60-79 ans, dont le taux de décès est légèrement plus élevé que la moyenne.

Sept fois plus d’hommes touchés

Les hommes sont plus nombreux à mourir dans un accident de moto : entre 2016 et 2020, le taux de décès chez les motocyclistes masculins était plus de sept fois plus élevé que chez les femmes. La gent masculine représentait 8,5 décès pour 1 million de personnes, alors que chez les femmes, c’était 1,1 décès dans la même proportion. La différence est encore plus prononcée si on tient uniquement compte des conducteurs. En excluant les passagers, les hommes sont 12,5 fois plus à risque que les femmes. L’explication est fort simple : la proportion d’hommes pratiquant la moto (84 %) est de loin plus élevée que les femmes (16 %).

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Les motocyclistes sont majoritairement masculins, et ce, dans une proportion de 84 %.

Intersections et voies rapides

C’est surtout aux intersections (31 %) et sur les autoroutes (30 %) que les accidents impliquant des motocyclistes surviennent. Dans le cas des intersections, ce chiffre est deux fois plus élevé que pour les automobilistes (13 %). En guise d’explication, Statistique Canada souligne notamment qu’« en raison de leur petite taille, les motocyclettes ne sont pas faciles à voir pour les automobilistes venant en sens inverse », ce qui les rend plus « susceptibles » d’être impliquées dans une collision. Environ 23 % des motocyclistes meurent par ailleurs sur des voies publiques et 4 % sur des « voies particulières », comme des ponts ou des passages à niveau. La plupart du temps, soit à 55 % des occasions, la collision mortelle implique deux véhicules ou plus.

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31 % des accidents impliquant des motos ont lieu aux intersections.

Risques, alcool et vitesse

La consommation d’alcool et de drogue demeure une cause majeure des collisions mortelles impliquant un motocycliste, à savoir environ 31 % d’entre elles entre 2016 et 2020. La vitesse sur la route est quant à elle un facteur de risque dans le tiers des accidents recensés par les rapports des coroners. D’autres facteurs, comme le manque d’expérience en conduite, le non-port du casque ou les « conditions routières difficiles » peuvent aussi expliquer la recrudescence de ces évènements, selon Statistique Canada. Dans 12 % des collisions, la personne défunte se trouvait avec « au moins une autre personne au moment de la collision ». Dans 84 % des occurrences, c’est le conducteur qui meurt, étant le premier à recevoir le choc de l’impact.

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La vitesse sur la route est un facteur de risque dans le tiers des accidents recensés.