(Ottawa) Alors que les incendies de forêt font rage dans l’Ouest canadien, une experte en politique des communications et de la radiodiffusion soutient que le système national d’alerte météorologique devrait tenir compte d’un plus large éventail d’évènements extrêmes.

Monica Auer, du Forum canadien pour la recherche et les politiques en matière de communications, estime que des notifications d’urgence devraient être envoyées pour tout évènement susceptible de menacer des vies, dont les incendies de forêt.

« Les Canadiens ont le droit de compter sur leur système de communication pour recevoir des avertissements si des vies ou des biens, ou les deux, sont en danger », fait valoir Mme Auer.

Actuellement, le système national d’alertes au public – connu sous le nom d’En Alerte – envoie aux personnes concernées des notifications d’urgence en cas de tornades et de tempêtes violentes.

Une politique réglementaire fédérale rédigée en 2014 stipule que des messages d’alerte doivent être publiés pour les situations présentant « des dangers imminents ou présentant des risques pour la vie ».

Le régulateur fédéral de la radiodiffusion a indiqué dans sa politique que cela incluait, sans toutefois s’y limiter, les tornades, les incendies de forêt, les catastrophes industrielles et les tsunamis.

Erik de Groot, directeur associé à Environnement Canada, n’a fait aucun commentaire sur la question de l’élargissement du système d’alerte météo pour y inclure des évènements tels que les incendies de forêt ou les vagues de chaleur.

Depuis l’été 2018, Environnement Canada utilise les alertes météorologiques nationales pour avertir des tornades en les diffusant à la télévision et aux stations de radio, ainsi qu’au moyen de notifications sur les téléphones mobiles.

En 2021, l’agence nationale météorologique a ajouté au système d’alerte les tempêtes violentes qui s’accompagnent de grêle d’au moins sept centimètres ou de vents de 170 km/h et plus.

Près de 2300 alertes ont été diffusées dans le cadre du système En Alerte de 2019 au 13 août 2023. Bien que la plupart des alertes soient liées aux conditions météorologiques, certaines concernaient des enfants disparus ou d’autres situations d’urgence.

L’objectif est de diffuser au public des avis de tornades et de tempêtes 15 minutes avant que les évènements météorologiques ne surviennent.

M. De Groot a rappelé que la prévision météorologique est un domaine complexe et qu’il existe des cas où des tornades et des tempêtes se forment très rapidement, ce qui rend les choses difficiles à prévoir.

« Nous avons amélioré notre réseau de radars au cours des cinq dernières années. Nous sommes en train de terminer cela, ce qui nous a aidé, mais il ne sera pas parfait et ne le sera probablement jamais », a-t-il indiqué, ajoutant qu’Environnement Canada élaborait également un processus pour améliorer la précision géographique des alertes.

« Dans l’état actuel des choses, nous envoyons nos alertes en fonction des zones, a expliqué M. De Groot. Il s’agit de zones prédéfinies autour d’une ville, d’un comté ou d’un ensemble de comtés, et le prévisionniste doit envoyer l’alerte à toute la zone. »

Le nouveau processus utiliserait le radar, le satellite et d’autres technologies pour envoyer des alertes à des zones plus précises.

Failles

Une étude menée par des chercheurs du Northern Tornadoes Project de l’Université Western, évaluant la performance du programme En Alerte d’Environnement Canada en ce qui concerne les tornades, a mis en évidence des failles dans le système.

Seulement 12 % des alertes ont été publiées avant le début des tornades canadiennes de 2019 à 2021.

L’étude indique que 70 % des tornades canadiennes au cours de cette période n’ont pas fait l’objet d’une alerte et que 17 % ont fait l’objet d’avis publics publiés après l’heure de début enregistrée de la tornade.