Un membre du gurdwara de Surrey, en Colombie-Britannique, où le chef sikh local Hardeep Singh Nijjar était président avant d’être tué par balle en juin, a déclaré que la police l’avait averti le mois dernier d’une menace pour sa vie.

Gurmeet Toor, qui se dit un ami proche de M. Nijjar, a affirmé avoir été surpris lorsque deux policiers ont frappé à sa porte le 24 août vers 23 h 30 pour lui remettre une lettre de « devoir de mise en garde » indiquant que sa vie pouvait être en danger.

« Je pensais : “ Qu’est-ce que j’ai fait ? ” J’ai demandé qui était derrière la menace, et ils ont répondu qu’ils ne pouvaient pas répondre à cette question », a déclaré M. Toor en pendjabi.

M. Toor est membre du comité de gestion du même temple sikh où M. Nijjar a été abattu et a fait campagne lors du référendum non officiel sur le Khalistan, une patrie distincte que certains sikhs veulent séparer de la province indienne du Pendjab.

La police a conseillé à M. Toor d’être prudent, d’éviter les rassemblements et de se déplacer vers un endroit plus sûr, mais elle n’a pas voulu fournir de détails sur la menace, a-t-il déclaré à La Presse Canadienne.

L’avertissement est intervenu quelques semaines avant l’annonce, le 18 septembre, du premier ministre Justin Trudeau, selon laquelle les services de renseignement canadiens enquêtaient sur des informations « crédibles » sur « un lien potentiel » entre l’assassinat de M. Nijjar et le gouvernement indien.

L’Inde, qui avait lancé un mandat d’arrêt contre M. Nijjar en raison de son plaidoyer en faveur d’un État sikh séparé, a réfuté les accusations contre lui, les qualifiant d’« absurdes et motivées » politiquement.

M. Toor a indiqué que le plus jeune de ses trois enfants vivait ailleurs après que le ministère de l’Enfance de la Colombie-Britannique lui eut conseillé de le faire à la suite de la visite de la police.

« C’est dur qu’un de nos enfants nous ait été arraché », a-t-il confié.

Mais M. Toor a déclaré qu’il avait décidé de ne pas vivre dans la peur.

« Je n’ai rien fait de mal. Je suis un contribuable qui travaille dur, un bénévole dans la communauté, un petit entrepreneur. Je parle simplement de la souveraineté sikhe », a déclaré M. Toor à propos de son travail de campagne lors du référendum sur le Khalistan.

M. Nijjar avait aidé à organiser le référendum avant sa mort.

Une déclaration attribuée à M. Toor et diffusée par le groupe Sikhs for Justice indique qu’il a demandé si les policiers qui l’avaient prévenu de la menace pour sa vie pouvaient lui fournir un gilet pare-balles, mais ils ont répondu que ce serait illégal.

« Les policiers m’ont dit que le fait qu’ils soient venus me voir à cette heure de la nuit devait être considéré comme une indication que la (menace) était vraiment sérieuse », peut-on lire.

M. Toor a dit croire que deux autres membres de la communauté sikhe de Surrey avaient également reçu des lettres de « devoir de mise en garde », mais il a refusé de fournir des détails.

En juillet, M. Toor s’est joint à des membres de la communauté, dont le fils de Hardeep Singh Nijjar, pour une réunion virtuelle avec le ministre de la Sécurité publique de l’époque, Marco Mendicino, et deux députés libéraux de Surrey pour partager leurs inquiétudes quant à la possibilité que le gouvernement indien soit impliqué dans le meurtre, a-t-il indiqué.

Il a déclaré avoir depuis participé à trois autres réunions, notamment avec la Gendarmerie royale du Canada (GRC), l’Équipe intégrée d’enquête sur les homicides, le Service canadien du renseignement de sécurité et les Équipes intégrées de la sécurité nationale, dirigées par la GRC.

M. Toor a soutenu que la déclaration explosive de M. Trudeau sur une possible implication indienne dans le meurtre de M. Nijjar devrait conduire à l’expulsion du haut-commissaire indien au Canada.

Il a déclaré qu’il s’était joint au groupe Sikhs pour la justice cette semaine pour faire officiellement cette demande dans une lettre adressée à M. Trudeau et à tous les dirigeants politiques fédéraux.