(Fredericton) La clinique d’avortement privée de Fredericton dit avoir finalement fermé ses portes, invoquant une forte augmentation des loyers et un manque de financement du gouvernement provincial.

Un avis sur le site Web de la Clinique 554 indique que les soins d’avortement ont pris fin mercredi. Son directeur médical, le Dr Adrian Edgar, a déclaré qu’il ne pouvait plus payer le loyer, car la province ne finance pas les avortements pratiqués en dehors de l’hôpital. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été le doublement du loyer de la clinique, qui devrait entrer en vigueur jeudi, a-t-il déclaré dans une entrevue.

« Nous ne recevons aucun financement public. Et sans financement public, vous ne pouvez pas faire fonctionner les soins de santé et, surtout, vous ne pouvez pas faire fonctionner les soins de santé si les dépenses augmentent comme elles le font », a déploré Dr Edgar.

Le médecin a déjà annoncé à plusieurs reprises que la clinique allait fermer et, en 2019, le sort de la clinique est devenu un enjeu de la campagne électorale fédérale. Cette fois, Adrian Edgar a déclaré que les portes se fermaient définitivement et qu’il n’avait pas l’intention de rouvrir ailleurs.

La clinique propose des avortements aux personnes qui n’ont pas de carte d’assurance-maladie, comme les travailleurs migrants, les sans-abri et les étudiants internationaux dans les provinces maritimes. Dr Edgar soutient qu’il demandait beaucoup moins aux personnes non assurées que les hôpitaux.

Les services d’avortement chirurgical ne sont désormais disponibles au Nouveau-Brunswick qu’à Moncton — à l’Hôpital de Moncton et au Centre hospitalier universitaire Dr-Georges-L.-Dumont — et à Bathurst — à l’Hôpital régional Chaleur.

Le Dr Edgar a souligné que la province possède les lois sur l’avortement les plus strictes du pays. « Le Nouveau-Brunswick mine illégalement l’accès à l’avortement au Canada depuis les années 80 », a-t-il déclaré.

Un « droit fondamental »

Après la fermeture de la clinique Morgentaler de Fredericton en 2014, invoquant un manque de financement provincial, le gouvernement libéral de l’époque a supprimé un règlement obligeant les femmes souhaitant avorter à l’hôpital à ce que deux médecins certifient que la procédure était médicalement nécessaire. Mais la réglementation limitant le financement aux avortements pratiqués dans les hôpitaux est restée.

Sean Hatchard, porte-parole du ministre de la Santé, Bruce Fitch, a déclaré que le Nouveau-Brunswick est pleinement engagé envers les principes de la Loi canadienne sur la santé. Les avortements sont financés publiquement au Nouveau-Brunswick par le biais d’avortements chirurgicaux dans les hôpitaux ou d’avortements médicamenteux avec la pilule Mifegymiso, a-t-il indiqué par courriel.

« L’introduction du Mifegymiso comme méthode alternative d’avortement a réduit la demande d’avortements chirurgicaux au Nouveau-Brunswick. C’est maintenant la forme d’avortement prédominante dans notre province et représente les deux tiers de tous les avortements au Nouveau-Brunswick », a-t-il expliqué.

Répondant aux questions sur la fermeture de la clinique de Fredericton, le ministre fédéral de la Santé, Mark Holland, a affirmé aux journalistes à Ottawa qu’il était essentiel que les services d’avortement restent disponibles. Il les a qualifiés de « droit fondamental » pour les femmes partout dans le pays.

« Il n’est donc pas acceptable, pas du tout, de fermer une clinique ou d’avoir une situation comme celle-là. Cela menace la santé des femmes », a-t-il déploré. M. Holland a déclaré qu’il devait « prendre un peu de temps pour évaluer la situation » et envisageait de parler à M. Fitch.

Le Dr Edgar a soutenu que la province doit modifier sa politique pour garantir que toutes les personnes qui en ont besoin ont accès à l’avortement.

Ce ne sont pas seulement les personnes qui passent entre les mailles du filet, comme les sans-abri, les travailleurs migrants et les étudiants internationaux, qui sont touchées, mais d’autres aussi en raison du manque de médecins, a-t-il souligné, ajoutant que la pénurie de médecins signifie que certaines femmes n’ont pas un accès immédiat à la pilule contraceptive.

« Je pense que le Canada devrait prêter attention à ce qui se passe au Nouveau-Brunswick, parce que je ne veux pas que nous suivions ce qui se passe aux États-Unis », a-t-il conclu.

Note aux lecteurs : Dans cette dépêche transmise le 31 janvier 2024, La Presse Canadienne écrivait erronément qu’à la suite de la fermeture de la Clinique 554 de Fredericton, les services d’avortement chirurgical ne sont désormais disponibles au Nouveau-Brunswick que dans deux hôpitaux. Or, l’Hôpital de Moncton offre aussi ce service, ce qui porte le total à trois.