(Ottawa) Certains des participants au « convoi de la liberté » il y a deux ans prévoient de revenir au centre-ville d’Ottawa samedi pour souligner l’anniversaire de l’opération policière qui avait délogé les manifestants.

Lors d’une conférence de presse vendredi après-midi, deux membres de ce « mouvement pour la liberté » ont annoncé leur intention de tenir un rassemblement sur la colline du Parlement samedi.

Chris Dacey, un résident d’Ottawa qui avait participé au mouvement il y a deux ans, a assuré qu’il ne s’agissait pas de refaire une manifestation avec des véhicules, comme en 2022. Il a déclaré que le groupe prévoyait de tenir des discours et une marche samedi après-midi.

Des milliers de personnes avaient envahi les rues autour de la colline du Parlement, à la fin de janvier 2022, bloquant des rues avec de gros camions et d’autres véhicules et refusant de circuler par la suite.

Les manifestants étaient peu organisés : plusieurs étaient venus à Ottawa pour s’opposer aux restrictions sanitaires liées à la COVID-19 – qui n’étaient plus, pour l’essentiel, en vigueur à ce moment-là –, mais d’autres espéraient faire tomber le gouvernement de Justin Trudeau.

De nombreux commerces du centre-ville, dont le centre commercial Rideau, avaient été contraints de fermer leurs portes en raison des émanations de diesel et des campements de fortune dans les rues du centre-ville. Certains résidants ont déclaré avoir été harcelés et beaucoup se sont plaints de ne plus pouvoir fermer l’œil de la nuit à cause du tintamarre des klaxons, de la musique et des feux d’artifice.

D’autres manifestants avaient aussi bloqué les postes frontaliers de Windsor, en Ontario, et de Coutts, en Alberta.

Après des semaines de perturbations, le gouvernement Trudeau a invoqué la Loi sur les mesures d’urgence pour accorder des pouvoirs extraordinaires à la police et aux gouvernements provinciaux et pour geler les comptes bancaires des manifestants.

Des policiers de partout en Ontario et au Québec ont alors été mobilisés pour déloger les manifestants des rues d’Ottawa dans le cadre d’une vaste opération de quelques jours, qui s’est terminée le 17 février 2022 – il y aura deux ans samedi.

Le recours à cette mesure d’exception, qui n’avait jamais été utilisée depuis son adoption en 1988, a été par la suite examiné par une commission fédérale, comme l’exige la loi. En février 2023, la « commission Rouleau » a émis 56 recommandations à l’intention de la police et des gouvernements. Le juge Paul Rouleau a par ailleurs conclu que les libéraux avaient eu raison d’invoquer cette loi d’exception.

Mais le mois dernier, le juge Richard Mosley, de la Cour fédérale, a conclu que ce recours à la loi avait été déraisonnable et violait le droit à la liberté d’expression, garanti par la Constitution. Le gouvernement fédéral a déjà indiqué qu’il ferait appel de cette décision en Cour suprême.

Deux des principaux organisateurs du « convoi de la liberté », Tamara Lich et Chris Barber, subissent leur procès pour méfait et autres accusations, dans une affaire qui traîne depuis des mois à Ottawa.

Par ailleurs, les tribunaux ne se sont pas encore prononcés sur une requête visant à intenter une action collective de 290 millions contre les organisateurs, au nom des résidents, des employés et des propriétaires de commerces d’Ottawa.