(Westlock) Le maire Jon Kramer dit avoir passé des semaines à dire aux résidants de Westlock, en Alberta, de ne pas voter en faveur d’un règlement interdisant les drapeaux de la Fierté et les passages pour piétons arc-en-ciel sur les propriétés municipales.

Une faible majorité dans la ville située au nord d’Edmonton a voté jeudi pour que seuls les drapeaux du gouvernement soient déployés et que les passages pour piétons soient peints avec un motif à rayures blanches.

« En tant que conseil, nous sommes profondément déçus, mais nous ne sommes pas découragés », a affirmé M. Kramer dans une entrevue, vendredi.

« Je crois fermement que Westlock est une collectivité aimable et bienveillante. Mais vous savez, le résultat final est la preuve que le changement est incroyablement difficile pour certaines personnes. »

Il y a eu 1302 votes exprimés lors du plébiscite : 663 pour et 639 contre.

Le maire Kramer a déclaré que la ville de 4800 habitants continuera à trouver des moyens d’accueillir les groupes marginalisés, y compris ceux de la communauté LGBTQ.

Il a parlé avec des membres de l’alliance locale gai-hétéro pour réfléchir à des idées, a-t-il relaté. Le groupe a peint le premier passage pour piétons de la fierté de la ville l’année dernière.

« Cela a été difficile pour eux parce qu’ils ont tout fait correctement pour faire approuver ce passage pour piétons. »

L’année dernière, un groupe a présenté une pétition au conseil exigeant la neutralité dans les espaces publics après la peinture du passage pour piétons.

La pétition a été soumise au conseil, et les conseillers ont eu le choix d’adopter le règlement ou de le renvoyer à un plébiscite. Ils ont décidé que les résidants devraient voter là-dessus.

Cette décision ne peut être annulée par le conseil à moins qu’un futur plébiscite ne soit organisé et demande l’annulation de l’interdiction, a expliqué M. Kramer.

L’équipe de neutralité de Westlock, un groupe à l’origine de la pétition, n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires.

Kristopher Wells, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la compréhension publique des jeunes issus de minorités sexuelles et de genre, s’est dit déçu par ces résultats.

Il a avoué être inquiet pour les jeunes qui ont aidé à peindre le passage pour piétons.

« Les gens qui ont voté pour la suppression de ce passage pour piétons ne réalisent pas que cela ne signifie pas la suppression des personnes LGBTQ dans leur communauté, a déploré M. Wells. D’une certaine manière, cela ne fera que renforcer la détermination de la communauté et du conseil municipal à accroître leur soutien. »

Kristopher Wells a rappelé qu’il existe un mouvement anti-LGBTQ à travers le Canada, pointant les gouvernements qui ont récemment adopté des politiques affectant les personnes transgenres.

Le gouvernement du Parti conservateur uni de l’Alberta a déclaré qu’il prévoyait d’introduire à l’automne des plans exigeant le consentement des parents lorsque les élèves de 15 ans et moins souhaitent changer de nom ou de pronoms à l’école. Les étudiants âgés de 16 et 17 ans n’auraient pas besoin de consentement, mais leurs parents devraient en être informés.

La province prévoit également de restreindre les traitements d’affirmation de genre, l’enseignement sur le genre et la sexualité à l’école et la participation des femmes transgenres aux sports.

De même, la Saskatchewan et le Nouveau-Brunswick ont établi des règles qui empêchent les enfants de moins de 16 ans de changer de nom ou de pronom à l’école sans le consentement de leurs parents.

« C’est la communauté 2SLGBTQ qui est dans la ligne de mire de la haine et des préjugés », a insisté M. Wells.

Janis Irwin, porte-parole de l’opposition néo-démocrate de l’Alberta pour les questions LGBTQ, a exprimé son soutien aux personnes touchées par le vote à Westlock.

« La lutte pour une Alberta sûre et inclusive continue. Nous ne pouvons pas reculer. Nous ne le ferons pas », a écrit Mme Irwin sur la plateforme de médias sociaux X.

Jon Kramer a affirmé qu’il a toujours considéré les passages pour piétons arc-en-ciel comme un moyen de rassembler les gens, même si certains à Westlock y voyaient un moyen de diviser la communauté.

« Il y a des conversations difficiles, il y a des réticences, il y a une certaine frustration. Mais quand on sait qu’on est sur la bonne voie, on n’hésite pas », a-t-il tonné.

Le maire Kramer a fait observer que Westlock avait trouvé des moyens d’inclure les gens, comme l’ajout de rampes pour les personnes en fauteuil roulant et la construction d’un terrain de jeu accessible. Il y a aussi une nouvelle heure du conte philippine à la bibliothèque, a-t-il ajouté.

« Nous sommes dans un endroit où nous ne pouvons pas installer de passages pour piétons ni de drapeaux. Mais l’inclusion est un acte profondément créatif. Donc, en fin de compte, nous ne sommes pas à court d’options. »