(Ottawa) Les conservateurs et bloquistes ont fait part jeudi de leurs attentes en vue du budget fédéral qui doit être déposé dans une semaine, les uns réclamant que le gouvernement n’augmente pas la taxe sur le carbone et réduise le déficit, les autres qu’il freine son élan centralisateur.

Dans une motion déposée à la Chambre des communes, le Parti conservateur réclame que le prochain budget du gouvernement libéral de Justin Trudeau soit exempt de nouvel impôt ou de nouvelle taxe sur l’essence et le diésel et qu’il prévoie un plan de retour à l’équilibre budgétaire.

La formation politique a passé les dernières heures à prédire que le « premier budget néo-démocrate de l’histoire du Canada » comprendra « plus de dépenses, plus de taxes, un déficit illimité ».

« Ça arrive à un moment où les Canadiens sont confrontés au taux d’inflation le plus élevé depuis les 30 dernières années », a dit leur chef adjoint et lieutenant politique pour le Québec, Luc Berthold, en commentant la motion.

Les conservateurs demandent donc au gouvernement de présenter un budget « responsable financièrement » qui comprend un plan pour combattre l’augmentation du coût de la vie.

M. Berthold a aussi dit craindre que le budget comprenne « des intrusions dans les champs de compétences provinciales comme on n’en a probablement jamais vu encore », faisant référence aux priorités énoncées par le ministre de la Santé pour verser 2 milliards aux provinces.

Lors d’une conférence de presse en matinée, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a résumé cinq « conditions incontournables » pour que sa formation politique appuie le budget, tout en précisant qu’il ajoute par-dessus tout une condition globale : qu’il s’abstienne de « donner libre cours à la tendance centralisatrice, aux empiétements, aux piétinements et aux ingérences ».

« Si c’est une débauche de volonté centralisatrice, posez-vous même pas la question : le Bloc va voter contre », a lancé M. Blanchet aux journalistes.

Selon lui, il est peu probable qu’Ottawa ne s’ingère pas dans les compétences des provinces puisque c’est « ce que laisse entendre, à même son libellé », l’entente entre les libéraux et le NPD.

De toute manière, M. Blanchet a dit ne pas voir la nécessité d’inclure des nuances ou de faire preuve de compromis dans ses conditions puisque la survie du gouvernement est normalement assurée par les termes du pacte avec les néo-démocrates.

Les conditions du Bloc québécois comprennent qu’Ottawa rehausse considérablement les transferts en santé, qu’il augmente la pension de la sécurité de la vieillesse et double le crédit pour TPS lorsque l’inflation est élevée.

M. Blanchet a aussi été appelé à commenter l’investissement fédéral de 2 milliards en transfert aux provinces visant à réduire les listes d’attente et les retards causés par le délestage pendant la pandémie.

Il s’est scandalisé qu’Ottawa ne se contente pas de verser aux provinces l’argent qui leur « est dû », préférant plutôt les forcer à se « mettre à genoux » et « céder » des juridictions « parce qu’on est plus riches qu’eux autres, parce que c’est nous autres qui ultimement contrôlons la fiscalité et bénéficions du déséquilibre fiscal ».

Le Nouveau Parti démocratique « s’attend » à ce que le budget comprenne de l’aide « concrète, tangible » pour ceux qui ont « de la misère à payer leurs factures, à payer leur loyer », à lutter contre l’augmentation du coût de la vie, a déclaré son chef adjoint, Alexandre Boulerice.

« L’entente qu’on a avec les libéraux, il faut voir que de manière pratique, concrète, que ce qu’on a négocié ça se traduit dans les mesures budgétaires. On va voter pour, si ça va dans le sens de l’entente », a-t-il dit en réponse à une question de La Presse Canadienne.

En annonçant la date du dépôt du budget, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a déclaré que les plans de dépenses du gouvernement se concentreront sur des mesures visant à stimuler la croissance économique.

Le budget devrait également contenir de nouveaux programmes sociaux, y compris les premières étapes de régimes nationaux d’assurance médicaments et de soins dentaires prévus dans l’entente avec le NPD.