(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau rejette les critiques selon lesquelles il fait la sourde oreille aux demandes des provinces d’augmenter les transferts en santé.

De passage à Hamilton où il a fait la promotion des mesures sur le logement contenues dans le budget fédéral en compagnie de la ministre des Finances Chrystia Freeland, M. Trudeau a affirmé qu’Ottawa a versé l’équivalent de 63 milliards de dollars aux provinces durant la pandémie afin de les aider à maintenir le réseau de la santé à flot.

Certes, le gouvernement fédéral n’a pas donné suite à la requête des premiers ministres des provinces qui réclament une hausse substantielle des transferts en santé de 28 milliards de dollars par année.

Mais M. Trudeau reconnaît qu’Ottawa devra éventuellement majorer la contribution fédérale. À l’heure actuelle, le gouvernement fédéral paie l’équivalent de 22 % de la facture des soins de santé. Les provinces souhaitent qu’Ottawa paie 35 % des coûts.

« Le gouvernement fédéral a été là pour les provinces, pour les Canadiens et pour les systèmes de santé à un niveau que je n’ai jamais vu. Ce sont 63 milliards de dollars de plus en investissement du fédéral dans le domaine de la santé, en grande partie des transferts aux provinces, pour pouvoir justement passer à travers la pandémie qui n’est pas finie encore », a déclaré M. Trudeau en réponse à une question des journalistes.

« Mais nous savons en même temps que nous avons besoin d’investir de façon structurante dans nos systèmes de santé. Cette pandémie a démontré à quel point les gens vulnérables sont extrêmement vulnérables et que nos systèmes de santé sont étirés. Nous nous devons d’être là en tant que partenaire », a-t-il ajouté.

Il a précisé que le gouvernement fédéral et les provinces ont « des discussions préliminaires » sur la hausse éventuelle des transferts en santé. Mais il a averti que cette hausse devra permettre d’améliorer les soins de santé d’une manière marquée.

« Il faut s’assurer que les Canadiens partout au pays reçoivent les meilleurs résultats de ces investissements, les meilleures qualités de soins de santé à travers le pays. C’est le grand défi et c’est sûr ça qu’on va continuer de travailler en partenariat avec les provinces », a ajouté le premier ministre.

« Une occasion manquée », dit le Conseil de la fédération

Mais les propos de M. Trudeau n’ont pas rassuré les premiers ministres des provinces et territoires. Dans un communiqué de presse émis en fin de journée, vendredi, ils ont exprimé leur « déception » à la suite du dépôt du budget fédéral.

Ils ont souligné qu’un récent sondage a démontré que 84 % des Canadiens souhaitaient que la ministre Freeland annonce une hausse des transferts dans son plan budgétaire.

« Le budget fédéral représente une occasion manquée de relever les grands défis en matière de soins de santé auxquels sont confrontés les Canadiens », a affirmé le premier ministre de la Colombie-Britannique, John Horgan, qui préside le Conseil de la fédération. « Un financement fédéral accru, prévisible et à long terme peut faire une réelle différence dans la vie des Canadiens. Malheureusement, le budget fédéral ne livre pas la marchandise à cet égard », a dit M. Horgan, s’exprimant au non de l’ensemble des premiers ministres des provinces et des territoires.

Le Bloc québécois a aussi critiqué le budget de la ministre Chrystia Freeland parce qu’il ne comportait aucune hausse des transferts.

« Le Québec et les provinces demandaient des transferts en santé sans conditions. On a trouvé les conditions, mais pas les transferts. […] Évidemment, c’est une forme de gifle au Québec et aux provinces. […] Les systèmes de santé à travers le Canada sont en train d’étouffer. Ils ont besoin davantage d’argent », a commenté jeudi le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet.

Le ministre des Finances du Québec, Éric Girard, a fait part de son insatisfaction sur les médias sociaux. « Le budget […] pose des gestes dans plusieurs dossiers importants, mais nous déplorons l’absence d’augmentation des transferts en santé. Notre demande répétée est claire et le gouvernement fédéral doit y répondre le plus rapidement possible », a-t-il écrit sur son compte Twitter.

La présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel, a également réagi sur les médias sociaux « Nos demandes sont pourtant claires : Plus de transferts en santé. Une autre occasion manquée », a-t-elle relevé.