(Ottawa) Les conservateurs du comité des affaires étrangères laissent entendre que la vice-première ministre Chrystia Freeland, pro-ukrainienne et anti-Poutine notoire, est opposée à la délivrance du permis de transport des turbines de Siemens.

Les soupçons émis vendredi lors de la rencontre spéciale du comité permanent des affaires étrangères et du développement international ont piqué au vif le libéral Rob Oliphant, qui a fait valoir que la présence au cabinet de la ministre Chrystia Freeland témoignait de son ralliement à cette décision controversée.

« Quand on est en désaccord avec une décision du cabinet ou du gouvernement, on démissionne. Il existe ici au pays le principe de solidarité ministérielle auquel la ministre Freeland souscrit », a-t-il insisté en réponse à des députés conservateurs qui tentent selon lui de mener une « expédition de pêche ».

Les élus de l’opposition venaient d’avancer, tour à tour, que la ministre Chrystia Freeland était contre la décision.

« Il faut parler de l’éléphant dans la pièce. La ministre Freeland a été la plus visible et la plus loquace au sujet de l’approche du gouvernement sur l’Ukraine. Et depuis [la décision], elle est complètement silencieuse et invisible », a lancé le député conservateur Garnett Genuis.

Son collègue de caucus James Bezan s’est posé des questions similaires à voix haute.

« La ministre Freeland est de loin l’experte sur les enjeux ukrainiens au caucus libéral et au cabinet, et on a l’impression que M. Oliphant ne veut pas qu’elle soit entendue… peut-être parce qu’elle n’est pas d’accord avec ce que les ministres Joly et Wilkinson ont fait ? », a-t-il avancé.

Wilkinson, un « bouc émissaire »

Le permis a été signé par la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a aussi précisé Rob Oliphant.

Or, depuis samedi dernier, jour où on a annoncé que le permis avait été délivré, le ministre désigné responsable de ce dossier est celui des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson – un élément qui n’a pas échappé aux conservateurs.

« Le ministre Wilkinson a été désigné bouc émissaire pour cette mauvaise décision, et la ministre Freeland se cache », a lancé Garnett Genuis lors de la réunion virtuelle du comité.

Des pyromanes chez les pompiers

La grande argentière du pays se trouve actuellement à Bali, en Indonésie, pour la rencontre des ministres des Finances du G20.

De là, elle a écrit que la Russie, invitée au sommet, n’avait pas sa place à la table.

« C’est comme si un pyromane se joignait à un rassemblement de pompiers », a-t-elle raillé.

Ministres et ambassadeurs invités

S’il y a certes eu des désaccords entre les élus du comité, ceux-ci ont convenu de la pertinence d’entamer une étude du processus ayant mené à la décision de faire entorse à son régime de sanctions contre le Kremlin.

Des invitations ont été lancées aux ministres Mélanie Joly et Jonathan Wilkinson, ainsi qu’aux ambassadeurs de l’Ukraine, de l’Allemagne et de l’Union européenne à Ottawa. Un carton d’invitation sera également envoyé au Congrès Ukrainien-Canadien.

Le comité doit se réunir la semaine prochaine.