(Ottawa) La visite du secrétaire général de l’OTAN dans l’Arctique canadien ne change en rien l’approche de défense continentale d’Ottawa, qui repose sur le NORAD, insiste Justin Trudeau.

Le premier ministre du Canada a tenu à y aller de cette précision en conférence de presse à la base militaire de Cold Lake, dans le nord de l’Alberta, qu’il a visitée en compagnie du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.

Le Canada a traditionnellement été réfractaire à permettre à l’OTAN de se mêler d’affaires arctiques. Ce terrain de jeu est davantage celui du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD), un partenariat binational de surveillance aérienne avec les États-Unis.

Même si elle survient dans une période de grands bouleversements géopolitiques, en raison de l’attitude belliqueuse de la Russie, la visite de Jens Stoltenberg ne marque pas un changement de cap à cet égard, a tenu à spécifier Justin Trudeau.

« Permettez-moi d’être très clair : la position du Canada par rapport à l’Arctique n’a pas du tout changé. La défense de l’Arctique au Canada se fait par le biais de NORAD, où on a un positionnement unique, où deux pays, le Canada et les États-Unis, assurent ensemble la défense de leur territoire », a-t-il insisté.

Mais avec « l’agression russe en Ukraine et leur positionnement géopolitique », le moment « était opportun » d’inviter Jens Stoltenberg dans la région pour « coordonner » et partager avec lui « ce qu’on est en train de faire pour assurer la défense […] des approches ouest et nord vers l’OTAN », a ajouté Justin Trudeau.

À sa droite, Jens Stolterberg a insisté sur le fait que l’Arctique était le chemin le plus court pour une attaque de missile en provenance la Russie, et que par conséquent, sa défense était importante pour l’ensemble de l’Alliance. Il en a profité pour saluer les efforts que déploie le Canada pour moderniser le NORAD.

C’est là un vaste chantier qui attend la ministre de la Défense nationale, Anita Anand, qui était également du voyage dans l’Arctique. En juin, elle a annoncé une première tranche d’investissement de 4,9 milliards sur six ans pour la mise à niveau du système de défense.

L’une des priorités est la modernisation du Système d’alerte du Nord (SAN), un réseau de 50 sites radars dont 47 se trouvent au Canada, et dont les capacités sont de plus en plus mises à l’épreuve par l’arrivée d’armes de technologie moderne, y compris les missiles de croisière avancés et les armes hypersoniques.

Le secrétaire général de l’OTAN a visité l’un de ces sites à Cambridge Bay, au Nunavut, jeudi, de même que la Station canadienne de recherche dans l’Extrême-Arctique afin d’observer le travail effectué pour étudier les effets des changements climatiques sur le pergélisol.