Le député péquiste Pascal Bérubé implore à son tour les libéraux de « faire la bonne chose », en reconnaissant son parti ainsi que Québec solidaire comme groupes parlementaires. Si le gouvernement Legault a l'intention de le faire, la formation de Dominique Anglade, qui compte 21 sièges, refuse pour l’instant de le confirmer.

« C’est une question de justice. […] Je veux dire à Mme Anglade que nous ne pouvons accepter qu’un parti qui a obtenu moins de voix que nous se sente légitime pour représenter plus d’électeurs. On les invite à l’humilité. Ceux qui nous disent non ont moins de votes ! », a martelé le député réélu de Matane-Matapédia, lors d’une conférence de presse tenue vendredi à la permanence montréalaise du Parti québécois.

Il déplore le fait que les libéraux font d’abord un calcul de « visibilité », qu’ils ne « veulent pas diviser au sein de leur caucus avec les autres partis ». « Je les invite plutôt à être meilleurs », a dit M. Bérubé. Selon lui, il y a « urgence » d’agir à l’approche des prestations de serment, prévues dans le courant du mois d’octobre.

Avec 21 sièges, le Parti libéral a en effet obtenu légèrement moins de votes au suffrage universel que les péquistes (14,37 % contre 14,61 %), qui ne comptent que 3 sièges : celui de Pascal Bérubé, celui de leur chef Paul St-Pierre Plamondon, élu dans Camille-Laurin, et celui de Joël Arseneau, aux Îles-de-la-Madeleine. Québec solidaire, de son côté, a fait élire 11 députés et récolté 15,43 % des votes.

Concrètement, le statut de groupe parlementaire permettrait aux péquistes et aux solidaires, qui totalisent ensemble 14 députés, d’obtenir plus de budget – environ 1 million de dollars supplémentaires – et de temps de parole au Salon bleu. Pour être reconnu comme groupe parlementaire, un parti doit avoir obtenu 20 % des voix ou fait élire 12 députés. Ce statut peut toutefois être accordé à d’autres formations politiques qui ne remplissent pas ces critères si tous les partis reconnus l’acceptent de façon consensuelle.

Anglade ne négociera pas en public

En caucus postélectoral des libéraux à Yamachiche, en Mauricie, Dominique Anglade avait refusé mercredi de dire si elle souhaitait voir QS et le PQ officiellement reconnus comme groupes parlementaires. « S’il n’y a pas d’ouverture du gouvernement par rapport à une réforme parlementaire, ça va être très difficile », a-t-elle dit au sujet de son éventuel appui.

Le lendemain, la vice-première ministre sortante, Geneviève Guilbault, avait toutefois invité Mme Anglade à faire preuve de plus « d’ouverture ». « J’inviterais Mme Anglade à participer à cet élan d’ouverture mutuelle qu’on a tous les uns pour les autres », avait-elle dit.

Vendredi, le directeur des communications de Mme Anglade, Jeremy Ghio, a indiqué que la cheffe ne « fera pas de négociations sur la place publique ».

« C’est sain dans une démocratie que les partis de l’opposition aient les moyens pour faire leur travail, surtout quand on considère les moyens importants du gouvernement », a quant à lui persisté M. Bérubé, jugeant que d’avoir 14 députés aurait pour impact de « paralyser » l’Assemblée nationale, en l’embourbant dans des jeux de procédure. Le député péquiste soutient que si les libéraux persistent à « bloquer » la reconnaissance des partis, « il y aura de la pression ». « On va demander aux citoyens d’appeler sans cesse les députés. Il y aura une mobilisation », a-t-il promis.

Questionné de nouveau sur la possibilité d’une fusion entre Québec solidaire et le Parti québécois, Pascal Bérubé s’est fait sans équivoque. « C’est de la politique-fiction. Il y a déjà eu des tentatives par le passé, et vous connaissez le résultat. […] On avait dit oui, ils ont dit non. On ne se fera pas prendre deux fois », a-t-il dit, maintenant que le PQ « veut vraiment avoir son propre groupe parlementaire ».

Pas de serment au roi

Les députés Bérubé et Arseneau ont par ailleurs confirmé vendredi qu’ils ne prêteront pas serment au roi Charles III, lors de leur prestation de serment comme député, comme le chef Paul St-Pierre Plamondon l’avait déjà confirmé. M. St-Pierre Plamondon dit ainsi vouloir « confronter » les règles en place, qui obligent à tout député de prêter serment au monarque britannique. La loi ne prévoit toutefois aucune sanction pour les élus qui ne le feraient pas. En 2018, les solidaires l’avaient prononcé à l’abri des regards, avant de dénoncer cette procédure « archaïque ».

Avec la collaboration de Vincent Larin, La Presse