(Sherbrooke) C’est une femme qui devrait présider l’Assemblée nationale du Québec dès cet automne, estime Québec solidaire (QS), qui en fait la demande formelle au premier ministre élu, François Legault.

Dans l’histoire du Québec, une seule femme a été brièvement présidente de l’Assemblée nationale : il s’agit de la péquiste Louise Harel en 2002, il y a de cela 20 ans.

Pour la co-porte-parole de QS, Manon Massé, il est grand temps « d’arriver au 21e siècle ». La présidence de la Maison du peuple n’est pas réservée aux hommes, a-t-elle martelé en entrevue.

« Il y a le plus de femmes qu’il n’y en a jamais eu à l’Assemblée nationale. Pouvons-nous ébranler cette institution-là et dire : « Essayons avec une présidente de voir ce que ça peut apporter de plus » ? »

Rappelons que le scrutin du 3 octobre dernier est passé à l’histoire pour avoir permis au plus grand nombre de femmes jamais vu (58) de se faire élire à l’Assemblée nationale.

À elle seule, la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault a fait élire 41 femmes, dont 21 comptent déjà une expérience parlementaire.

« Ça va prendre quelqu’une qui a de la « pogne », qui connaît la règle, mais surtout qui va faire preuve d’une grande neutralité. Je suis certaine que dans les rangs de M. Legault, il y a ce profil-là », soutient Mme Massé.

« Des talents de rassembleur, […] de faire fonctionner le Parlement, ce n’est pas genré, ça. Mais est-ce qu’un œil féminin, féministe, ferait en sorte qu’il y a des pratiques qu’on accepterait moins ? C’est possible.

« Est-ce que ça ferait en sorte qu’on aborderait des litiges différemment ? C’est possible. Ce que je sais, c’est qu’en 2022, une femme présidente de l’Assemblée nationale du Québec m’apparaît la chose à faire », a-t-elle insisté.

La personne choisie doit être élue par l’Assemblée pour en diriger les travaux, en administrer les services et la représenter.

Elle a un devoir de réserve et doit conserver la confiance des parlementaires lorsqu’elle préside les débats. Elle doit veiller à ce que tous les députés, quelle que soit leur affiliation politique, aient voix au chapitre.

La dernière personne à avoir occupé ce poste est le caquiste François Paradis, qui a choisi de ne pas se représenter aux dernières élections.

Un signal fort

Manon Massé souhaite que l’on profite de ce changement de garde pour « offrir aux femmes un modèle de dirigeante ».

Elle souligne que seulement 23 % des postes de présidents d’assemblées ou de chambres dans le monde sont occupés par des femmes. Ce chiffre grimpe à 30 % en Amérique.

« Qu’est-ce qu’on envoie comme message ? Que le parlementarisme, la démocratie, c’est l’affaire des hommes ? […] Le Québec est vraiment prêt à avoir des modèles de femmes qui occupent des postes comme ceux-là. »

Si le premier ministre Legault met de l’avant une candidature féminine, il enverra là un signal fort, comme quoi les femmes ont leur place « dans les plus hauts lieux », selon Mme Massé.

Par ailleurs, l’élue de Sainte-Marie—Saint-Jacques a souligné l’importance du Cercle des femmes parlementaires, ce lieu de réflexion et de partage des expériences crée en 2010 pour les députées.

« Cette idée, […] à l’extérieur de la partisanerie, d’aborder des sujets qui nous concernent et qui nous préoccupent, je pense que c’est juste sain pour la démocratie au Québec », a-t-elle tenu à rappeler.