(Drummondville) Le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, a vanté l’unité de son parti à la suite d’un bilan électoral sur fond de tensions internes et de frustration face aux résultats du dernier scrutin.

Les candidats défaits de la formation politique étaient rassemblés samedi dans un hôtel de Drummondville après une semaine où certains ont témoigné de façon anonyme dans différents médias pour critiquer la façon dont la campagne a été menée par la direction du parti.

« Il y a effectivement des gens qui sont déçus et j’en suis. […] Maintenant, il y a des notes qui sont aussi très positives […], donc c’est très inégal, la déception d’une personne à l’autre », a expliqué M. Duhaime, entouré de plusieurs dizaines de candidats.

Cela étant dit, il y a des gens qui veulent que l’on change des choses et on serait idiots de ne pas le faire.

Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec

Le parti entend engager de nouveaux employés et développer de « nouveaux outils informatiques » afin de « se professionnaliser », a-t-il ajouté.

« Des choses vont changer »

S’il admet que « des choses vont changer », Éric Duhaime insiste sur le fait que « le dénominateur commun, ce sont nos valeurs conservatrices ». L’ancien animateur de radio a cité en exemple plusieurs dossiers qu’il compte porter dans les prochains mois.

Il s’oppose fermement, entre autres, à la suggestion du directeur général de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, d’interdire l’auto solo en heure de pointe dans le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine afin de limiter la congestion routière pendant les travaux.

« Pour nous, c’est un dangereux précédent, ce n’est pas vrai qu’on va accepter ce genre de politiques là, parce que si on l’autorise dans un tunnel, ça va être quoi demain ? », a-t-il lancé.

Le chef conservateur a tout de même lancé une pointe à ceux qui critiquent l’approche du parti sous le couvert de l’anonymat. « C’est sûr qu’on ne règle pas des problèmes dans un parti politique en pissant dans l’oreille d’un journaliste », a-t-il lâché, déclenchant des rires dans la salle.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Éric Duhaime

Des insatisfaits

Entre 80 et 90 candidats avaient répondu à une invitation envoyée par le Parti conservateur afin de récolter leurs suggestions et leurs commentaires à la suite de la dernière campagne, a indiqué l’attaché de presse de la formation politique, Cédric Lapointe.

À leur arrivée à l’hôtel Le Dauphin, samedi, plusieurs n’ont pas voulu s’étendre sur ce qu’ils entendaient faire comme critiques.

« Bien des choses », a déclaré le candidat défait dans la circonscription de La Peltrie, Stéphane Lachance, interrogé sur ce qui aurait pu être mieux fait dans la Capitale-Nationale, signe de l’humeur au rassemblement.

« On est 125 candidats. Il se peut qu’il y ait un, deux, trois candidats qui sont sortis sous le couvert de l’anonymat dans les médias qui sont plus insatisfaits, mais ça ne reflète pas le climat que j’ai vécu ici. Ce que j’ai vécu ici, c’est une gang de personnes qui étaient déçues à différents niveaux […], mais je n’ai pas senti de grande division, de grande tension », a commenté, à la sortie de l’évènement, la candidate du parti dans Portneuf, Jacinthe-Eve Arel.

Peu après, un militant du parti, Jonathan Hamel, a toutefois attaqué « la gestion désastreuse » de la campagne. Il reproche aussi à des membres de la direction du parti de mettre de l’avant leurs positions « anti-immigration » et « anti-ethniques », contraires à celle du Parti conservateur, opposé à la réforme de la loi 101 du gouvernement Legault.

À noter, le parti affirme que Jonathan Hamel a toujours en sa possession la liste de donateurs de la formation politique, et lui a demandé, par l’entremise d’un avocat, de la rendre. Croisé à l’extérieur de l’hôtel, Jonathan Hamel n’était pas présent au bilan électoral de samedi.

Plus d’un million en budget annuel

Rappelons que le Parti conservateur du Québec n’a réussi à faire élire aucun député aux dernières élections.

Le parti avait pourtant bon espoir de faire une percée en Beauce et il est passé bien près de réaliser ce souhait. Cela a donné lieu à une bataille dans Beauce-Nord entre le conservateur Olivier Dumais, également maire de Saint-Lambert-de-Lauzon, et le député caquiste sortant Luc Provençal, qui l’a finalement emporté avec une mince avance de 202 voix.

Malgré tout, la formation politique a récolté 530 786 votes, soit 12,91 % des suffrages exprimés.

En vertu de ce résultat, le parti récoltera au moins 1,39 million en financement public chaque année du prochain mandat, soit 2,62 $ pour chaque vote. À noter, cette somme est indexée chaque année.